Jean Dominique Ingres, artiste surdoué, est partagé entre sa passion pour le dessin et celle pour le violon (d'où l'expression : « violon d'Ingres »). Il s'est formé à la peinture dans l'atelier de David.
Contemporain de Géricault et Delacroix, Ingres, né à Montauban en 1780, prolonge en pleine époque romantique le genre classique et académique.
Dédaigneux des sujets épiques, il multiplie les sages évocations de la mythologie ou de l'Antiquité... tout en s'autorisant à déformer les corps de façon audacieuse, en lointain précurseur du cubisme.
Au long d'une carrière couverte d'honneurs, Ingres s'adapte à merveille à tous les régimes.
Il peint Bonaparte Premier Consul (avec pour la première fois la main dans l'échancrure du gilet, selon une coutume en usage à la fin du XVIIIe siècle) puis Napoléon Ier en costume d'apparat.
Sous la Restauration, Ingres cultive le genre « troubadour » avec de petits tableaux qui exaltent la monarchie (Henri IV jouant avec ses enfants, François Ier et Léonard de Vinci...)... sans parler d'une toile montrant Louis XIII plaçant la France sous la protection de la Vierge.
Ingres excelle avant tout dans le portrait.
En 1832, son célèbre portrait de l'imprimeur Bertin exprime mieux qu'un long discours la dureté et la détermination de la bourgeoisie du temps de Louis-Philippe Ier, le « roi-bourgeois ».
Sous Napoléon III, enfin, triomphent les crinolines et les portraits de grandes dames.
Bourgeois sévère et mari aimant, Ingres reste avant tout le peintre d'un érotisme déroutant qu'expriment la Grande Odalisque et la Baigneuse Valpinçon, peinte à 30 ans et reprise un demi-siècle plus tard dans le Bain turc.
Comme l'âge ne fait rien à l'affaire, c'est aussi à 80 ans passés que l'enfant illustre de Montauban a peint la belle naïade ci-contre (la Source).
Il s'éteint en 1867 après avoir traversé sans encombre deux monarchies, deux empires, deux républiques et trois révolutions.
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