Stéphane Martin, ancien président du Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, voit dans le rapport Savoy-Sarr remis fin 2018 au président Macron un « cri de haine contre le concept même de musée ».
Ce rapport établi par les universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l'Université de Saint-Louis au Sénégal, avaient posé les jalons pour une restitution à l'Afrique subsaharienne d’œuvres d'art transférées pendant la colonisation. Des dizaines de milliers étaient potentiellement concernées.
Pour Stéphane Martin, les musées français devraient plutôt se contenter de prêter des œuvres et dans le même temps participer à la formation du personnel africain des musées et faire en sorte qu'ils bénéficient d'un statut honorable et de salaires décents.
En cédant des œuvres sans plus de précautions, le risque est grand que celles-ci soient volées et revendues par les conservateurs eux-mêmes des musées, soucieux d'assurer leur avenir financier comme cela s'est déjà vu très souvent sur le continent africain.
L'art et les musées ont vocation à transcender les cultures et les frontières, souligne Stéphane Martin en prenant l'exemple de la statue du dieu Gou au Louvre, revendiquée par le Bénin. Elle a été réalisée par un sculpteur d'un pays voisin du royaume d'Abomey fait prisonnier, abandonnée sur une plage, ramenée par un navigateur français. Elle a passé 150 ans au Louvre et est devenue une « icône », dessinée et décrite par Picasso et Apollinaire.
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