Déjà fin connaisseur de l’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne, Bertrand Le Meignen a consacré cinq ans de travail à la biographie du célèbre dissident russe. Au final, une somme de 850 pages qui retrace une existence qui commence au sortir de la Première guerre mondiale, le 11 décembre 1918 (28 novembre dans le calendrier julien), et s’achève le 3 août 2008, au moment où s’installe le chaos financier déclenché par la crise des subprimes.
Il fallait bien un tel ouvrage pour retracer la vie exceptionnelle de cet homme animé par une force intérieure hors du commun.
Il a neuf ans quand il prend la décision de devenir écrivain. Cet enfant porte déjà en lui le futur Soljenitsyne : lucide, inflexible et doté d’une force intérieure hors du commun. Autant de qualités qui lui serviront de viatique à travers une existence soumise aux tourments de l’Histoire.
Au sein de sa propre famille, il prend très vite conscience qu’il a partie liée avec des événements anciens qui vont orienter la suite de sa vie. Non seulement ses lointains ancêtres paysans ont été en conflit avec le tsar Pierre Ier au XVIIe siècle mais il est aussi d’ascendance ukrainienne par sa mère. Or Russes et Ukrainiens, en dépit de leur proximité culturelle, nourrissent depuis la Rus' de Kiev (IXe – XIIIe siècles) une sourde inimitié…
Il va vivre une période exceptionnelle et unique, celle qui voit l’Empire tsariste se transformer en Union soviétique. Des innombrables et terribles événements qui marquent cette époque, il gardera un souvenir très marquant de 1929, « année où le Goulag commença à proliférer en métastases avec la création de nouveaux camps »…
Peut-être savait-il déjà confusément qu’il serait amené à connaître de l’intérieur cet « archipel » ? De fait, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, et malgré ses actes de bravoure qui lui vaudront plusieurs médailles, il est expédié au goulag pour « activités criminelles ». Il va y rester onze ans, durant lesquels il affermit sa foi, poursuit son œuvre littéraire et devient définitivement un « dissident ».
À sa libération, en 1956, il est devenu le Soljenitsyne qui va contribuer à l’effondrement de l’URSS, être couronné du prix Nobel en 1970, et marquer la fin du XXe siècle d’une empreinte particulière. Car en dépit de son opposition absolue au communisme, Soljenitsyne n’est pas pour autant favorable au système qu’il va découvrir en Occident, d’abord en Suisse puis aux États-Unis.
Dans la biographie très complète, très documentée et illustrée de nombreux témoignages directs qu'il lui a consacrée, Bertrand Le Meignen retrace cette lente évolution qui forgera une figure unique et sans concessions, encore aujourd’hui source de réflexion.
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