Nom donné à la décennie qui a vu sombrer la monarchie française (1789-1799). Cette période de bouillonnement politique et militaire a marqué plus profondément qu'aucune autre l'Histoire moderne de la France mais aussi de l'Europe, voire du monde. Elle est l'aboutissement d'une longue crise de ce que l'on appellera plus tard l'Ancien Régime et s'est traduite par la succession accélérée de différentes institutions à la tête de la France : les états généraux et la Constituante (1789-1791), la Législative (1791-1792), la Convention, premier gouvernement républicain (1792-1795), le Directoire (1795-1800). Les symboles marquants de la Révolution sont la prise de la Bastille, l'abolition des droits féodaux, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
Chaque génération, depuis deux siècles, cultive sa propre vision de la Révolution. Adolphe Thiers, journaliste et homme politique, est le premier à en écrire l'Histoire en 1823-1827, avec l'intention sous-jacente de promouvoir une monarchie constitutionnelle à l'anglaise. Le poète Alphonse de Lamartine, en 1847, publie l'Histoire des Girondins pour convaincre ses concitoyens des mérites de la République. Alexis de Tocqueville voit dans L'Ancien Régime et la Révolution l'aboutissement d'un mouvement vers la centralisation de l'État.
Au début du XXe siècle, tout change. Jean Jaurès met en exergue les conquêtes socialistes de la gauche révolutionnaire. Les bolcheviques russes, de Lénine à Staline, se réclament avec fierté de ces lointains prédécesseurs. Par ricochet, les historiens français Mathiez et Soboul réécrivent l'histoire de la Révolution à la lumière de l'expérience soviétique et du marxisme. Ils portent au pinacle les luttes sociales pendant la courte période de la Terreur montagnarde (1792-1794). Dans les années 1970, le fiasco soviétique et la redécouverte de la guerre de Vendée et de ses crimes entraînent le balancier dans l'autre sens : on révise l'histoire de la Révolution à la lumière du Goulag pour ne plus y voir qu'oppression et régression. Aujourd'hui, osons l'espérer, le temps de l'apaisement est venu.
Voir : La Révolution française
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