2 novembre 2010

Midterm elections : les États-Unis comparés à la France

Le 2 novembre 2010, les Américains se sont rendus aux urnes pour les élections de mi-mandat (midterm elections).

Ils ont renouvelé le tiers des cent sénateurs, élus pour six ans, ainsi que la totalité des 435 députés de la Chambre des représentants, lesquels sont élus pour deux ans. Ils ont aussi élu 37 des 50 gouverneurs d'État.

Cette procédure met en évidence les différences entre démocratie américaine et démocratie française.

Victime tout à la fois de l'activisme du mouvement Tea Party et de la démobilisation des démocrates, le président Obama a perdu la majorité à la Chambre des représentants avec 205 sièges au lieu de 257 précédemment.

Ces élections témoignent d'un rééquilibrage entre une population crispée sur la nostalgie d'un monde perdu et un président soucieux de préparer son pays à une transition inévitable.

Au-delà des apparences, les joutes rituelles de midterm sont l'expression d'une démocratie plus stable qu'aucune autre.

Le régime politique américain, qui s'appuie sur la Constitution la plus ancienne du monde actuel, est fondé sur un subtil équilibre entre pouvoirs et contre-pouvoirs. Il a permis aux États-Unis de surmonter sans heurts des traumatismes majeurs : la guerre du Vietnam, les émeutes raciales, le terrorisme ainsi que les vagues migratoires et aujourd'hui la désindustrialisation.

Nous verrons plus loin tout ce qui distingue cette démocratie de son équivalent français, vieux d'à peine un demi-siècle et centré sur l'élection présidentielle.

Une sanction traditionnelle

Les élections de mi-mandat sont régulièrement l'occasion pour les électeurs de sanctionner le Président élu deux ans plus tôt. Depuis 1942, toutes ces élections se sont traduites par un recul du parti présidentiel à la Chambre (House of Representatives). À deux exceptions près : les deuxièmes élections de mi-mandat de Clinton en 1998 et les premières de Bush Jr en 2002 (du fait de l'émotion occasionnée par les attentats du 11 septembre 2001).

Les plus gros reculs, avec une perte de 54 sièges, ont été observés lors des premières élections de mi-mandat de Clinton en 1994 et, de façon plus surprenante, en 1942, en pleine guerre, sous la présidence de Franklin D. Roosevelt, le plus grand homme d'État américain du XXe siècle.

Obama entre sanction et rebond

Le président Obama, dont l'élection a suscité une vague d'euphorie sans guère de précédent dans le monde, est actuellement victime d'une impopularité presque aussi grande que celle de Clinton en 1994. Elle lui vient de ce qu'il s'est engagé corps et âme sur la mise en place d'une sécurité sociale universelle «à l'européenne», car le système libéral américain, fondé pour l'essentiel sur des assurances privées, se révèle le plus coûteux qui soit, avec des résultats piteux en termes de santé et d'espérance de vie.

Sur ce thème comme sur sa promesse de fermer le centre pénitentiaire de Guantanamo et d'en finir avec la guerre d'Irak, les partisans démocrates du président Obama lui en veulent de ne pas en faire assez et ses opposants républicains d'en faire trop.

Par-dessus le marché, il doit assumer la charge d'une économie en pleine déroute, victime des dérèglements du capitalisme financier et du marché mondial, affecté par le protectionnisme monétaire de la Chine.

Comme le parti démocrate a perdu la majorité à la Chambre des représentants, le président devra désormais composer avec celle-ci, comme l'ont fait avant lui ses prédécesseurs.

Joseph Savès.
Tea Party : le rêve américain au passé simple

Ces élections du 2 novembre 2010 ont été marquées par l'extravagante montée en puissance du mouvement Tea Party, apparu en marge des partis pendant la campagne de 2008.

Ce mouvement fait référence à l'insurrection patriotique de la Tea Party de Boston (1773). Composé pour l'essentiel d'électeurs blancs, âgés et aisés, il exprime leur inquiétude et leur crispation face à une Amérique en pleine mutation, désormais multiraciale et en voie de perdre son leadership mondial, tant diplomatique qu'économique.

Effrayés par les menaces qui se profilent (déclin économique, creusement des inégalités, baisse du niveau éducatif, submersion par l'industrie chinoise), les groupes Tea Party manifestent la tentation du repli sur les valeurs traditionnelles, avec une conviction unanime : «Tout ça est la faute de trop d'État».

L'élection atypique d'Obama a pu laisser espérer que le nouveau président, comme Roosevelt dans les années 1930, saurait guider les Américains dans la mauvaise passe actuelle et trouverait les mots pour qu'ils s'adaptent sans trop de douleur à la nouvelle donne. Mais il est désormais incertain qu'il y arrive.

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Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

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