L'Amérique centrale et l'Amérique du Sud ont été colonisées par l'Espagne et le Portugal de façon quelque peu désordonnée, du XVIe au XVIIIe siècle.
L'indépendance des États-Unis, en 1783, puis la Révolution française et les conquêtes napoléoniennes vont réveiller les aspirations autonomistes de la bourgeoisie créole.
Dans un remarquable mouvement d'ensemble qui débute en 1810, toute l'Amérique latine, à de rares exceptions, va gagner son indépendance en moins de deux décennies.
Notre animation multimédia présente les grandes lignes de cette aventure (version intégrale).
À l'origine des indépendances, les créoles sont les descendants des colons espagnols, parfois métissés d’Indiens. Ils s'insurgent une première fois en 1806 à l’initiative de Francisco de Miranda, un officier créole originaire du Venezuela, qui a combattu aux côtés des insurgés nord-américains puis des révolutionnaires français. Miranda tente de débarquer sur les côtes vénézuéliennes mais il est repoussé par les troupes légalistes et, battu, doit reprendre le bateau pour l'Europe.
Deux ans plus tard, la dynastie espagnole des Bourbons est renversée par Napoléon 1er, lequel impose sur le trône d'Espagne son frère Joseph. L’administration et l’armée espagnoles ne sont dès lors plus en mesure de résister aux insurrections et les créoles vont en profiter.
Le 19 avril 1810, à Caracas, au Venezuela, une municipalité insurrectionnelle enlève le pouvoir au capitaine général, le représentant officiel de Madrid.
À Buenos Aires, capitale de la vice-royauté du Río de la Plata, les élites créoles chassent le vice-roi d'Espagne. C'est la « Revolución de Mayo », du 18 au 25 mai 1810. Il n'est pas encore question d'indépendance.
Dans la foulée, le 20 juillet 1810, une junte républicaine prend le pouvoir à Santa Fé de Bogotá, capitale de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade (la Colombie actuelle).
En Amérique centrale, dans la riche vice-royauté de Nouvelle-Espagne (le Mexique actuel), le 16 septembre 1810, le curé du village de Dolores rassemble ses ouailles et les invite à se rebeller contre les représentants de Madrid. Il conclut sa harangue par ce cri fameux : « ¡Viva la Virgen de Guadalupe ! ¡Viva Fernando VII ! ¡Abajo el mal gobierno ! » (Vive la Vierge de Guadeloupe, vive Fernand VII, à bas le mauvais gouvernement !). Mais sa rébellion tournera court et il sera arrêté et pendu par les autorités l'année suivante.
Le 18 septembre 1810, à Santiago-du-Chili, un groupe de créoles prennent également le pouvoir et portent à la tête de leur colonie le gouverneur Bernardo O'Higgins, fils naturel d'un Irlandais.
Comme la junte de Cadix n’entend pas céder une parcelle de son pouvoir, le Venezuela proclame unilatéralement son indépendance le 5 juillet 1811. Miranda devient généralissime et dictateur mais est battu à San Mateo le 25 juillet 1812. Le 6 août 1813, son rival, Simón Bolívar, reprend Caracas aux Espagnols et reçoit de la municipalité le titre de « Libertador » (le Libérateur).
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Les vice-royautés espagnoles d'Amérique du Sud, libérées de la tutelle de Madrid, vont s'émanciper dans le désordre.
Simón Bolívar tente non sans brutalité de réaliser leur unité sur le modèle nord-américain...
Dès avant la chute de Napoléon, Madrid reprend la main et, au début 1816, toutes ses colonies rentrent dans le rang (sauf le petit Paraguay, protégé par son isolement !).
Mais le 9 juillet 1816, suite aux victoires du général José de San Martín y Matorras sur les troupes espagnoles, Buenos Aires proclame officiellement l'indépendance des « Provinces-Unies de la Plata ».
San Martín n'en reste pas là. Il traverse les Andes et va libérer le Chili et le Pérou. Le 12 février 1818, à Santiago, Bernardo O'Higgins, « directeur suprême » du Chili, peut renouveler avec solennité la proclamation d'indépendance du pays.
San Martín entame dans la foulée la conquête de la vice-royauté du Pérou. Ayant proclamé son indépendance le 28 juillet 1821, il songe à se faire désigner empereur des territoires libérés !...
Pendant ce temps, Bolívar a quitté son exil d’Haïti et repris la lutte avec l'aide intéressée des Anglais. Débarquant à Angostura (aujourd'hui Ciudad Bolívar), où il réunit un Congrès constituant, il s'empare sans trop de mal de la région de l'Orénoque, vaste savane parcourue par quelques troupeaux accompagnés de leurs farouches vachers, les llaneros.
Mais, constatant que le Venezuela n'était pas mûr pour l'insurrection, il décide de tenter sa chance dans la Nouvelle-Grenade voisine. Par une opération d'une grande audace, il franchit les Andes et tombe par surprise sur les Espagnols au pont de Boyacá, le 7 août 1819. Trois jours plus tard, le « Libertador » entre à Bogotá.
Le congrès que Bolívar a réuni à Angostura lui concède les pouvoirs de président et dictateur militaire et, le 17 décembre 1819, proclame l'avènement d'une « Grande-Colombie » qui réunit théoriquement trois départements : Venezuela, Nouvelle-Grenade et Quito (Équateur).
Ayant chassé les Espagnols du Venezuela et de l'Équateur, Bolívar rencontre à Guayaquil le général San Martín et le convainc de lui abandonner le Pérou.
Entre temps, le 24 février 1821, en Amérique du Nord, la Nouvelle-Espagne a arraché son indépendance. Le 18 mai 1822, le général Iturbide se fait couronner empereur du Mexique sous le nom d'Augustin 1er.
Mais dans la foulée, la capitainerie du Guatemala, à l'exception de la province du Chiapas, fait sécession du Mexique, et proclame à son tour son indépendance sous le nom de Provinces-Unies d'Amérique centrale.
Au même moment, le Brésil, immense colonie portugaise d’un seul tenant, qui occupe la moitié du continent sud-américain, s’émancipe en douceur, sans un coup de feu. Pierre, qui a été nommé régent du Brésil par son père Jean VI, roi du Portugal, proclame lui-même l’indépendance du Brésil le 7 septembre 1822 et en devient empereur constitutionnel le 12 octobre suivant.
Dans les régions andines, il ne reste plus au « Libertador » qu'à achever la conquête du Pérou... C'est chose faite après la victoire à l'arraché du général Sucre, le 9 décembre 1824 dans la vallée d'Ayacucho, sur l'Altiplano andin.
Suite à cette victoire, le haut Pérou, riche de ses mines d'argent, proclame son indépendance le 6 août 1825. Cinq jours plus tard, il prend le nom de... Bolivie en l'honneur du « Libertador » ! Et baptise sa capitale administrative du nom de son lieutenant : Sucre.
Mais peu après, la Colombie entre en guerre contre le Pérou et, dans le même temps, le Venezuela s'émancipe et met fin à la Grande-Colombie. C'est l'effondrement du rêve panaméricain. Malade et abandonné de tous, le « Libertador » quitte le pouvoir. Il meurt le 17 décembre 1830.
En 1839, faute d'un centre fort et unificateur, les Provinces-Unies d'Amérique centrale éclatent en plusieurs pays : Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua et Costa Rica.
La colonisation de l'Amérique latine
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