De Rembrandt, on connaît l'incroyable maîtrise de la lumière ou les innombrables autoportraits. Mais sait-on qu'il fut d'abord un artiste fondamentalement indépendant, au point de finir ruiné et abandonné dans la riche Amsterdam du XVIIe siècle ?
Participons à sa réhabilitation en découvrant ce que cachent les yeux de celui que l'on a surnommé le « Hibou ».
Né dans la farine
Chez les Van Rijn, on est meunier de père en fils depuis des générations dans la bonne ville de Leyde située, comme l'indique le nom de la famille (« Du Rhin »), sur les bords du grand fleuve des Pays-Bas. Et pour garder la tradition, rien de tel que de se marier avec une fille de boulanger ! Surtout si elle vient d'une famille aisée... C'est ce que fait Harmen en s'unissant à la belle Neeltgen qui ne lui donnera pas moins de dix enfants.
Parmi cette fratrie, un rebelle : le petit avant-dernier, né le 15 juillet 1606 et prénommé Rembrandt, a décidé que sa vie ne se ferait pas au milieu des petits pains mais des couleurs.
Ce n'est pas pour déplaire à son père qui, jouissant d'une certaine notoriété dans son quartier, verrait bien son petit ambitieux mener encore plus haut le nom de la famille.
On l'envoie acquérir une culture, notamment religieuse, à l'école latine avant de le pousser vers l'université. Mais Harmen voit bien que son fils n'est pas fait pour les études mais pour le pinceau.
Adieu donc l'université ! Voici Rembrandt qui, à 15 ans, entre en apprentissage chez un petit maître, Jacob Van Swanenburgh, avant de partir à Amsterdam recueillir l'enseignement du peintre d'Histoire Pieter Lastman.
Ce sera un passage éclair puisque le jeune génie n'y restera que 6 mois, le temps d'assimiler quelques techniques de composition et d'éclairage. A-t-il déjà dépassé le maître ? En tout cas il estime qu'il peut se passer du fameux voyage en Italie d'où revient Pierre Paul Rubens, et désormais voler de ses propres ailes.
Amsterdam, à nous deux !
Retour à la maison : c'est dans le grenier de ses parents que Rembrandt installe son atelier où il invite son acolyte Jan Lievens, également formé chez Lastman. Mais la collaboration tourne court et chacun repart de son côté.
Pour Rembrandt, ce sera Amsterdam où il arrive précédé d'une belle réputation : son Judas rendant les trente deniers (1629) n'est-il pas supérieur à « tout ce qui a été produit par l'Antiquité et l'Italie [puisqu'] un adolescent, le fils imberbe d'un meunier batave, a dépassé Protogène, Apelle et Parrhasios [célèbres peintres de la Grèce antique] » (Constantin Huygens, poète néerlandais) ?
Rembrandt semble en être conscient lorsqu'il décide de ne désormais signer ses œuvres que de son simple prénom, à la façon des Raphaël et autres Michel-Ange.
Sa première commande importante va lui permettre de faire la démonstration de tout son talent de portraitiste et sa maîtrise des clairs-obscurs audacieux. Pas de sujet religieux pour ce chef-d’œuvre, mais une scène troublante de dissection : La Leçon d'anatomie du professeur Tulp (1632). Quelle réussite ! Quelle gloire !
Tout sourit au jeune peintre puisque c'est à cette époque qu'il tombe profondément amoureux de Saskia, cousine de son marchand d'art. Orpheline mais bien dotée, elle sait lire et écrire et semble plutôt mignonne, comme nous le révèlent les nombreux portraits qu'il fera d'elle. Il est temps de s'établir.
Entre lumière et ombre
Le mariage de Rembrandt et Saskia est célébré en 1634 et le jeune couple s'installe enfin dans sa propre maison. Mais la plupart de ceux qui se pressent pour assister aux leçons du maître ignorent les malheurs qui le touchent...
Une oeuvre, une époque
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible