Le paradis sur terre ? Rien moins qu'un jardin persan...
Aujourd'hui, dans notre environnement urbain et artificialisé, les jardins offrent d'indispensables havres pour la promenade et le retour à la Nature. Rien de tel dans la haute Antiquité, quand les hommes devaient supporter une nature rude et hostile !
Sur les plateaux iraniens au climat subdésertique, ils ont inventé des lieux clos à l'abri des bêtes sauvages et des brigands, du sable et de la sècheresse.
En ces lieux rectangulaires, entourés d'une galerie couverte, les bassins et l'eau jaillissante, les fleurs et les oiseaux composent un décor propre à l'exaltation des sens. On ne s'y promène pas mais l'on s'y recueille afin de voir, sentir et écouter...
Faut-il s'étonner si l'expression par laquelle les Persans désignaient un lieu clos (pairiḍaēza) a désigné dans la Bible le jardin d'Éden et est devenue dans notre langue le « paradis » ?
Jardins persans
Dans l'ancienne Perse, les jardins avaient une signification religieuse qui nous reste mystérieuse, avec des plate-bandes de fleurs qui s'ordonnaient systématiquement autour d'un bassin en croix.
Ce motif géométrique se retrouve sur les tapis, avec également de nombreuses représentations de fleurs. On parle alors de tapis-jardins, comme le légendaire Bahar i Khosro (« Le printemps de Chosroès ») dont les 25 m2 ornaient la salle d'audience du palais de Ctésiphon, au sud de Bagdad, au VIe siècle.
Le jardin persan s'est diffusé autour de la Méditerranée, notamment dans l'empire romain, quoiqu'avec moins de finesse que dans son milieu d'origine. Les Hébreux devaient penser à lui quand ils ont évoqué le jardin d'Éden. Plus tard, des théologiens chrétiens plus prosaïques ont voulu voir dans sa disposition cruciforme une évocation de la croix du Christ.
Au Moyen Âge, ce « paradis » a été réinventé sous la forme du cloître, avec une galerie autour de laquelle circulent les moines en communion avec le ciel. Le climat tempéré de l'Europe a toutefois entraîné la disparition des bassins et leur remplacement par un simple puits.
L'islam, quand il s'est implanté en Perse, a aussi adopté ses jardins. Les théologiens musulmans ont vu dans les quatre branches des bassins rituels une préfiguration des fleuves que le Coran décrit comme étant ceux du paradis (le mot est ici employé dans son sens contemporain : le séjour des bienheureux) :
« Voici la description du Jardin promis à ceux qui craignent Allah. Il y aura là des fleuves dont l'eau est incorruptible, des fleuves de lait au goût inaltérable, des fleuves de vin, délices pour ceux qui en boivent, des fleuves de miel purifié. Ils y trouveront aussi toutes sortes de fruits et le pardon de leur Seigneur » [Coran XLVII, 15].
Historien et urbaniste spécialiste des jardins orientaux, Mohamed Métalsi nous présente les jardins orientaux, arabes ou persans.
Dans cet entretien enregistré le 1er juin 2015, à l'occasion des premiers Rendez-Vous de l'Histoire du monde arabe (Institut du Monde Arabe, Paris), il souligne leurs caractéristiques : adaptation à un climat semi-aride, fermeture et intimité etc.
La terre et l'homme
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