Il était une fois un minotaure enfermé au fond d'un labyrinthe, dans une île... Et si cette histoire avait du vrai ? Ce rêve de tout archéologue est devenu réalité lorsqu'un passionné de mythologie repéra sur ses terres la structure d'un palais immense, à Cnossos, au nord de la Crète.
À la recherche des pierres de lait
À l'été 1878, le bien-nommé Minos Kalokerinós met à jour des magasins ainsi qu'une partie de la salle du trône de ce qui pourrait être le palais du légendaire roi crétois Minos. Mais les autorités turques, qui contrôlent l'île, mettent fin aux recherches.
L'archéologue amateur est même victime de violences de la part de l'occupant : sa maison est réduite en cendres, avec ses collections et tous les résultats de ses travaux.
C'est un Anglais, Arthur Evans, qui va relever le défi. Directeur d'un musée d'Oxford, cet homme fort riche est passionné par ce que les Crétois appellent les « pierres de lait », des sortes d'amulettes couvertes d'une écriture ancienne et énigmatique qui est censée porter bonheur. Son enquête finit par le mener du côté de Cnossos où il rachète le terrain avant de lancer, le 23 mars 1900, les premiers coups de pioche.
L'équipe de 200 ouvriers met à jour un immense complexe de 2 000 m2 comportant voies processionnelles, appartements, magasins, sanctuaires... Formé de 1200 pièces, ce labyrinthe était agrémenté de propylées, de bassins et même de portes coulissantes. L'ensemble ne pouvant être que le palais de Minos, Evans s'empresse de parler de « civilisation minoenne », une civilisation jusqu’alors méconnue qui brilla entre les XVIIIe et XVe siècles avant J.-C.
Fasciné, l'archéologue va s'efforcer de faire renaître le palais, de façon parfois un peu excessive... Il décide en effet à partir de 1925 d'adopter un matériau inattendu : le béton armé !
Ayant décidé de reconstituer plusieurs étages du palais, il n'hésite pas à prendre quelques libertés avec la réalité en attribuant à des coffres en pierre la fonction de baignoires pour obtenir des « Appartements de la reine » dignes de ce nom ! Les fresques, joyaux du site, sont même parfois « restaurées » à partir d'éléments dispersés à l'origine dans plusieurs salles.
Des lettres et des chiffres
Et les pierres de lait ? Une semaine après le début de ses fouilles, Evans découvre près de 700 fragments de tablettes, collection qu'il va au fur et à mesure porter à plusieurs milliers.
Mais c'est à son compatriote Michaël Ventris, un simple amateur d'alphabets et de mystères, que revient la gloire de démontrer en 1953 que cette écriture composée de 90 signes servait à retranscrire une forme ancienne du grec, le mycénien.
C'est désormais incontestable : Crétois et Mycéniens parlaient bien grec et du même coup la civilisation de la Grèce antique gagnait plusieurs siècles, trouvant ses origines non plus au VIIIe mais au XVe siècle avant J.-C. Par son obstination, c'est toute l'histoire de l'Antiquité qu'Evans avait contribué à réécrire.
Archéologie sous-marine
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Normand (16-06-2021 15:28:28)
Très intéressant
J’ai appris des choses que je ne savais pas
Bravo à Mme Grégor