Napoléon

La campagne de Russie

C'est Napoléon lui-même qui l'a expliqué : si la campagne de Russie a été un désastre, on le doit au « général Hiver ». Mais, bien entendu, la question est plus complexe et c'est toute l'efficacité du livre de Jacques-Olivier Boudon, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris IV-Sorbonne et président de l’Institut Napoléon, de nous faire comprendre avec simplicité les tenants et aboutissants de l'affaire.

Napoléon

Ce n'est pas un hasard si les premières pages de cet ouvrage sont consacrées non pas à la Grande Armée mais à la Russie : il s'agit de montrer, en évoquant les rapports secrets ou les livres qu'avait Napoléon à disposition dans sa bibliothèque, combien les connaissances sur le pays étaient alors limitées. Mais il en fallait plus pour arrêter l'empereur et le livre s'attarde donc non seulement sur les objectifs de cette campagne hors du commun mais aussi sur toute l'énergie rassemblée pour la mener. Pays en lice, marchandages, trahisons... les réseaux diplomatiques s'activent tandis que les troupes s'organisent.

Enfin, c'est le grand départ. Et la réussite de cet ouvrage est de parvenir à nous faire vivre, au plus près des troupes, la marche à la catastrophe. Avec les soldats, on va de victoire en victoire tout en commençant à souffrir des difficultés de ravitaillement et de la politique de la terre brûlée pratiquée par les Russes. Avec Napoléon, on assiste, impuissants, au grand incendie de Moscou qui précipite la décision du retour.

C'est alors, selon le terme choisi par Boudon, une véritable « apocalypse » que va vivre la fière Grande Armée. Du passage de la Bérézina au lent cheminement dans les plaines slaves glacées, c'est la fuite en avant. Et les scènes s'enchaînent au plus près de la réalité et de son horreur.

Nous découvrons le sort des femmes qui accompagnaient époux ou compagnons, celui des blessés abandonnés à l'ennemi ou encore celui des prisonniers, envoyés travailler en Sibérie. Puis l'ouvrage délaisse les terres russes pour revenir en France s'intéresser aux proches des soldats, laissés dans une attente insupportable, et à l'opinion publique qui prend peu à peu conscience du désastre.  S'appuyant sur de nombreux témoignages et des cartes, cet ouvrage à la lecture aisée montre à quel point l'épisode a traumatisé le pays et laissé dans la mémoire collective une trace indélébile.

La Retraite des Français en 1812 Tableau d'Illarion Prianichnikov (1874)

Extrait :

« Le froid est tel qu'il est impossible aux cavaliers de rester à cheval, au risque de voir leur corps s'engourdir. […] 'Il fait un froid du diable, écrit le général Mouton à sa femme. J'ai de la besogne, éprouve de la fatigue, et reprends l'habitude de la marche comme un grenadier. Les glaces nous y obligent'. C'est ce qui explique que même Napoléon doit marcher. Les soldats marchent dans un environnement totalement blanc de neige, qui estompe les bruits, tandis que le froid, en saisissant les hommes, transforme leurs cris en un râle à peine audible. La plupart meurent en silence, un silence qui peut être toutefois brisé par les hurlements provoqués par une grange en feu dans laquelle les soldats sont pris au piège. Alors la nuit s'éclaire des flammes de l'enfer ».

Publié ou mis à jour le : 2021-04-30 14:16:54

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