Le 4 octobre 2022, le Français Alain Aspect (75 ans) a obtenu le prix Nobel de physique aux côtés de deux autres physiciens. Cette récompense confirme la bonne tenue de la France dans le domaine scientifique et sanctionne un grand pas en avant dans la compréhension de la physique fondamentale...
Par son expérience menée en 1982, Alain Aspect a montré qu’il existait une téléportation d’information entre deux particules intriquées : ce fut un pied-de-nez magistral au point de vue d’Einstein élaboré en 1935 qui réfutait la possibilité d’une téléportation. La vidéo ci-dessous explique l’origine de ces « particules intriquées » et de cette téléportation spatio-temporelle.
Cette récompense s’inscrit dans la longue histoire des prix Nobel de physique décernés à des Français. Elle a commencé en fanfare dès 1903 avec un prix groupé sanctionnant la découverte de la Radioactivité par Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie. Depuis la création du prix en 1901, on compte 15 Français Nobel de physique, mais avec de nettes fluctuations selon les époques.
1903 1908 1926 1929 1966 1970 1991 1992 1997 2007 2012 2018 2022 |
Marie Curie et Henri Becquerel Gabriel Lippmann Jean Perrin Louis de Broglie Alfred Kastler Louis Néel Pierre-Gilles de Gennes Georges Charpak Claude Cohen-Tannoudji Albert Fert Serge Haroche Gérard Mourou Alain Aspect |
Découverte de la radioactivité Photographie couleur par interférences Confirmation de l'existence des atomes Nature ondulatoire de la matière Mise au point du pompage optique (lasers) Etude du magnétisme des solides (disques durs) Etude des cristaux liquides et polymères Mise au point de la chambre à fils Confinement d'atomes par laser Découverte de la magnétorésistance géante Maîtrise de la décohérence Génération d'impulsions optiques Transfert d'information entre particules intriquées |
Après un démarrage tonitruant au début du XXe siècle, on constate un grand trou d’air qui démarre pendant l’entre-deux-guerres et ne s’achève qu’en 1966. Ce trou d’air sanctionne le déclin de l’Europe au profit des États-Unis, et le long retard à combler lors de la période de l’après-guerre.
Contrairement à l’idée répandue d’un « déclin français », on voit que la dynamique est particulièrement positive depuis les années 90 (et les années 2020 ne font que démarrer…). Ceci est confirmé par la prise en compte de tous les prix Nobel scientifiques remportés par des Français (physique, chimie, médecine et économie) :
Après l’effondrement survenu dans l’entre-deux-guerres, une lente ascension s’est mise en place depuis les années 60 qui se maintient jusqu’à nos jours. Il est d’ailleurs intéressant de comparer cette courbe avec l’évolution du poids économique de la France dans le monde :
On constate bel et bien un déclin relatif de la France sur le plan économique, essentiellement dû à la croissance de la Chine et d’autres pays émergents. Mais on constate que ça n’érode pas l’excellence scientifique du pays qui se maintient à la 4e place (loin derrière les États-Unis, mais juste après l’Allemagne et le Royaume-Uni).
Pour l’instant, les mauvais résultats du classement Pisa de ces dernières années (qui évalue le niveau des élèves dans l’OCDE et les pays partenaires) ne se manifestent pas sur le plan de l’excellence scientifique.
Ce constat somme toute très positif mérite tout de même d’être tempéré : d’abord, la remontée des années 2020 visible sur le graphique n’est évaluée que sur les 3 premières années et pourrait être réévaluée à l’issue de la décennie. D’autre part, les prix Nobel de physique décernés aujourd’hui sanctionnent des travaux qui ont été parfois réalisés plusieurs décennies en arrière : c’est le cas pour les expériences d’Alain Aspect qui remontent à 40 ans. La courbe des prix Nobel connaît donc un certain décalage par rapport à celle des grandes réalisations scientifiques.
Ceci étant, on est en droit d’être optimiste : le poids déclinant de la France rapporté au reste du Monde ne date pas d’hier et remonte aux années 70. Or il ne s’est jamais concrétisé sur le plan de la recherche scientifique, bien au contraire. Gageons que notre pays a encore de beaux jours devant lui !
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