Le musée du Louvre et le Palais impérial de Pékin (la «Cité interdite») nous proposent une visite parallèle des deux palais - les plus grands du monde - depuis leur naissance au milieu du Moyen Âge jusqu'à l'aube du XXe siècle.
L'exposition présente environ 130 oeuvres et objets venus de Pékin, y compris la salle du Trône de l'empereur Qianlong et une très instructive maquette en relief de la Cité interdite.
Elle présente par ailleurs diverses oeuvres propres au Louvre et aux autres musées parisiens.
C'est une belle et intelligente façon d'illustrer l'«Histoire globale», un concept encore un peu fumeux venu d'outre-Atlantique et à la mode chez les historiens.
Nous voyons se dérouler les siècles à travers une exposition des oeuvres et des objets représentatifs des dynasties Yuan, Ming et Qing d'un côté, Capétiens directs, Valois et Bourbons de l'autre.
Époque après époque, le parallèle entre le Louvre et la Cité interdite nous permet de relire notre Histoire et celle de la Chine sur un même plan.
Cela commence avec deux lettres adressées en 1289 puis en 1305 à Philippe le Bel par Arghun, descendant de Gengis Khan et maître de la Chine. Le khan mongol propose au roi capétien une attaque conjointe contre les Mamelouks musulmans. Sa proposition restera sans suite.
Le Louvre est d'abord un sombre donjon érigé par Philippe Auguste sur la muraille ouest de Paris, au bord de la Seine, pour protéger la ville des Anglo-Normands.
Il est transformé deux siècles plus tard en une résidence royale plus confortable par Charles V et sera ensuite régulièrement embelli et agrandi par les souverains français, jusqu'à Napoléon III.
En Chine, l'empereur Yongle, contemporain de Charles V, fait ériger ex nihilo la nouvelle résidence impériale. C'est la Cité interdite, un quadrilatère de 72 hectares (961x753 mètres), avec palais, pavillons et kiosques, cours et jardins.
Les Mongols, après s’être emparés de la Chine du Nord, fondent une nouvelle dynastie, les Yan. L'empereur s'établit dans une ville proche de la frontière. Elle a nom Khanbalik (ou Kanbaluk, la ville du khan). Elle est aussi appelée Dadu (grande capitale) puis, sous la dynastie suivante, les Ming, Beijing (la capitale du Nord ; Pékin dans sa version francisée).
L’empereur Koubilaï Khan (ou Kubilay Khan) fait creuser le Grand Canal qui relie Pékin au sud de l’empire. Il est remis en état sous le règne de Yongle, en 1415. Dans la foulée, en quatre ans (1417-1420), cet empereur Ming fait construire la Cité interdite, future résidence de la cour. Pékin devient dès lors, en 1421, la nouvelle capitale de la Chine à la place de Nankin.
Au XVIIe siècle, les empereurs mandchous ou Qing confient la Cité interdite à la garde d’une armée d’élite, l’armée des Huit Bannières, dont on peut admirer les somptueux uniformes à l'exposition.
Sous le long et grand règne de l'empereur Qianlong (1735-1796), l'empire chinois connaît un ultime apogée. En témoignent les belles calligraphies de la main de l'empereur lui-même comme les peintures sur soie réalisées par les peintres de la cour, y compris le jésuite milanais Giuseppe Castiglione, rescapé de la Querelle des Rites.
Ce dernier a représenté l'empereur à la manière occidentale, ainsi que les chevaux pour lesquels Qianlong cultivait une grande passion.
Les influences réciproques entre Chine et Occident au XVIIIe siècle se reflètent aussi à travers le curieux portrait en perruque de l'empereur Yongzheng, prédécesseur de Qianlong, ainsi qu'à travers les «chinoiseries» prisées par la marquise de Pompadour.
Publié ou mis à jour le : 2016-06-30 14:08:57
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