Le président américain Donald Trump (72 ans) et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un (34 ans) ont échangé une poignée de mains à Singapour le 12 juin 2018, après s’être copieusement insultés et menacés du feu nucléaire. Ainsi va la diplomatie à l’ère du tweet…
Cette situation est d’autant plus inattendue que la péninsule coréenne a longtemps fait figure de pays paisible et discret.
N’était-elle pas surnommée dans les temps anciens le « pays du Matin calme » ? Les Coréens n’en étaient pas moins actifs et ingénieux. Ainsi ont-ils été précurseurs dans la technique de la céramique et aussi dans l’imprimerie, mise au point deux ou trois siècles avant Gutenberg.
Mais au début du XVIIe siècle, la péninsule est saccagée par les armées mandchoues de la dynastie mandchoue qui règne alors sur la Chine. Tout en devenant vassale de celle-ci, la Corée se ferme au monde extérieur, à l’image du Japon des Tokugawa. C’est tout juste si elle est visitée de manière fortuite par des naufragés hollandais en 1653.
Cette longue période de repli vaut dès lors au pays le surnom de « Royaume ermite ». Il n’empêche qu’à la fin du XVIIIe siècle, des lettrés coréens découvrent le christianisme à la cour de Pékin, se convertissent et ramènent la nouvelle religion chez eux. C’est ainsi qu’on compte aujourd’hui une importante minorité chrétienne, essentiellement en Corée du Sud.
Pour son malheur, la Corée sort de son repli séculaire en 1910, quand elle est colonisée par le Japon. Après la défaite de ce dernier, elle est partagée par les vainqueurs.
En 1948, le nord du 38e parallèle, occupé par les Soviétiques, devient la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord, 25 millions d’habitants en 2015, 120 000 km2, capitale : Pyongyang). Le nouvel État communiste est pris en main par un jeune militant communiste, Kim Il-Sung. Il va le diriger jusqu’à sa mort en 1994 avant de confier les rênes du pouvoir à son fils Kim Jong-il.
Le sud du 38e parallèle, occupé par les Américains, devient quant à lui la République de Corée (Corée du Sud, 50 millions d’habitants en 2015, 100 000 km2, capitale : Séoul). Livrée à la dictature de Syngman Rhee (73 ans), chef de la lutte contre l’occupation japonaise, elle évolue vers une démocratie parlementaire. Plus pauvre en 1960 que la plupart des nouveaux États africains, elle va en une génération devenir l’un des États les plus riches de la planète.
En 1950, les nord-Coréens tentent de réunifier la péninsule par la force, avec l’aide de la Chine, passée elle aussi aux mains des communistes. Les Américains viennent au secours de leur alliée. Il s’ensuit une guerre violente, de loin la plus meurtrière à ce jour depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (trois à cinq millions de victimes).
Chacun étant revenu sur ses positions, la Corée du Nord va renouer avec la tradition du « Royaume ermite » et survivre de la sorte à la chute de l’URSS et du maoïsme. À sa mort en 2011, le dictateur Kim Jong-il transmet le pouvoir à son fils cadet Kim Jong-un (26 ans) dont il a apprécié le caractère volontaire et brutal.
Né d’une mère japonaise et éduqué en Suisse, Kim Jong-un va surprendre tout le monde par son habileté tactique et son absence de scrupule moral. En dépit d’une disette endémique mais avec le soutien discret de la Chine, du Pakistan et quelques autres États, il va concentrer toutes les ressources du pays sur l’effort militaire, jusqu’à se doter de l’arme atomique en violation des traités internationaux.
Il s’offre le luxe de lancer son premier missile balistique intercontinental (ICBM) le 4 juillet 2017, alors même que le président Donald Trump célèbre le premier Independence Day de son mandat. Il espère ainsi, par la provocation et la menace, assurer la survie sur le long terme du régime et de sa « dynastie ».
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