Louis-Antoine de Bougainville (1729 - 1811)

L'inventeur du « bon sauvage » de Tahiti

Mathématicien mais aussi capitaine des dragons, Bougainville est sollicité par le gouvernement de Louis XV pour diriger une expédition maritime jusque dans l'océan Pacifique. C'est ainsi qu'il va jeter l'ancre à Tahiti au printemps 1768.

Le récit qu'il tirera de son séjour dans cette île du bout du monde nourrira en Europe, jusqu'à nos jours, le mythe du « bon sauvage ».

Dispute diplomatique et cucurbite

Louis-Antoine de Bougainville fait ses armes en tant que capitaine de dragons et aide de camp de Montcalm au Canada pendant la guerre de Sept Ans.

Il propose à son gouvernement d'installer des colons acadiens dans l'archipel des Malouines, au large de l'Amérique du sud (aujourd'hui les îles Falkland).

Mais la nouvelle colonie n'a pas le temps de se développer. Choiseul, secrétaire d'État de la Marine de Louis XV, décide de mettre fin officiellement aux implantations acadiennes et demande à Bougainville d'évacuer vers Montevideo les familles qui le désirent.

Pour ne pas perdre la face, le ministre imagine de transformer cette défaite diplomatique en simple étape sur la route d'un prestigieux tour du monde à la recherche des dernières contrées inconnues.

De Nantes à Saint-Malo via Tahiti

Partie de Nantes le 15 novembre 1766, la frégate de Bougainville, La Boudeuse, consacre quatre précieux mois à mener à bien sa mission diplomatique aux Malouines avant de pouvoir s'élancer vers l'inconnu.

Elle est rejointe à Rio par Philibert Commerson et L'Étoile, une flûte destinée en quelque sorte à servir de garde-manger pendant le voyage.

Les deux bâtiments entrent le 5 décembre 1766 dans le détroit de Magellan, première embûche d'une navigation qui en comportera bien d'autres. Mais lorsque ses connaissances empiriques en matière de conduite de navire ne suffisent plus, Bougainville sait qu'il peut compter sur la grande expérience de son second, Duclos-Guyot.

Les vents leur sont heureusement favorables et les officiers profitent de l'occasion pour aller étudier de près la carrure des habitants de la Terre de Feu, ces Patagons que l'Europe classe parmi les géants.

L'accueil bienveillant des grands Patagons n'est rien en comparaison de celui que réservent aux marins les habitants de Tahiti. L'île du Roi George, reconnue par l'anglais Wallis l'année précédente, est vite rebaptisée Nouvelle-Cythère par des Français qui succombent aux charmes de ce paradis et de ses occupants.

Un mythe dans les bagages du retour

La première réussite de cette entreprise hors du commun est humaine : sur les 330 hommes de l'expédition, seuls sept y ont laissé la vie, à une époque où il n'était pas rare qu'un vaisseau de la Compagnie des Indes en route pour l'Orient perde un cinquième de son équipage.

En revanche, le bilan de l'expédition est mince sur le plan stratégique et scientifique.

Pour tirer parti de l'expédition, il faut donc jouer sur le prestige et l'effet de curiosité, et Bougainville s'y emploie avec talent dans son Voyage autour du monde, publié le 15 mai 1771, deux ans après son retour.

Avec un véritable don d'écrivain, il transforme son journal de bord en un récit vivant où se mêlent réflexions politiques, exposés des fortunes de mer et tableaux « anthropologiques ».

Ses contemporains ne s'y trompent pas et font un succès au livre, limitant bien souvent leur lecture à la rencontre avec les Tahitiens. Il faut dire qu'ils retrouvent, dans un paysage d'Éden, toutes les caractéristiques dont les philosophes avaient pourvu les « bons sauvages » : beauté, simplicité de l'existence, absence de pudeur et de propriété...

Publié ou mis à jour le : 2020-02-26 11:57:30

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