Chypre

L'île de Vénus

Chypre est à peine plus étendue que la Corse (9.250 km2). Située à 85 km seulement de la Syrie, l'île appartient géographiquement au Proche-Orient. Elle tire peut-être son nom du cyprès (Cuparissos en grec), cet arbre ayant fait l'objet d'un culte sur l'île.

Chypre à l'Âge du Bronze

Chypre a elle-même donné son nom au cuivre, dont son sous-sol fut autrefois riche. Ce minerai lui a valu de jouer un grand rôle au IIe millénaire avant JC, à l'Âge du bronze.

Par l'intermédiaire des Phéniciens qui établissent de petits royaumes sur l'île, elle exporte ses outils et ses armes, en particulier les «poignards chypriotes» dans tout le bassin méditerranéen.

Dans la deuxième moitié du IIe millénaire, des Mycéniens abordent à leur tour l'île et se posent en concurrents des Phéniciens... Bien plus tard, les Grecs, en souvenir de cette haute Antiquité, situeront sur l'île la demeure de la déesse de l'amour et de la beauté, Aphrodite (Vénus).

Au cours du 1er millénaire avant JC, l'île connaît beaucoup de vicissitudes, avec l'irruption des Assyriens puis des Égyptiens, enfin des Perses. Elle est occupée par les troupes d'Alexandre le Grand puis tombe dans l'escarcelle de Ptolémée, l'héritier de ce dernier en Égypte. Pour finir, elle devient province romaine en 58 avant JC. Elle va dès lors rester dans l'orbite de Rome puis de Byzance pendant plus de mille ans, jusqu'à l'arrivée des croisés.

Les croisés à Chypre

Richard Coeur de Lion, à l'époque des croisades, enlève l'île à l'empereur de Byzance et la donne à Gui de Lusignan, ex-roi de Jérusalem, sans doute pour le récompenser d'avoir perdu son royaume dans la guerre contre le sultan Saladin ! Beaucoup plus tard, en 1489, Catherine Cornaro, veuve de Jacques II de Lusignan, dernier de la lignée, vend l'île à la République de Venise !

Chypre exporte vers l'Ouest un célèbre vin doux, le malvoisie, ainsi que des ortolans et du sucre de canne. Mal défendus par la Sérénissime République malgré le légendaire Othello dont s'est inspiré Shakespeare, les habitants pratiquent par ailleurs la piraterie.

Les Turcs à Chypre

Le 9 septembre 1570, les Turc enlèvent Nicosie, capitale de Chypre. L'île devient pour trois longs siècles une dépendance misérable de l'empire ottoman.

Après l'ouverture du canal de Suez, le Premier ministre britannique Disraeli avait décidé de faire de l'île ottomane une base arrière pour surveiller le trafic maritime à travers le canal. C'est ainsi que le sultan d'Istamboul, contraint et forcé, «prête» l'île aux Britanniques le 4 juin 1878. Chypre devient en 1914 un protectorat puis en 1925 une colonie de la Couronne.

La partition

N'ayant nulle envie de s'immiscer dans le conflit entre la majorité hellénophone, qui voudrait son rattachement à la Grèce (Enosis), et la minorité turque, qui s'y oppose, les Britanniques donnent à l'île son indépendance le 19 août 1960.

Les troubles entre les deux communautés ne cessent pas pour autant jusqu'au 15 juillet 1974. Ce jour-là, avec la complicité des colonels qui exercent le pouvoir à Athènes, en Grèce, la Garde nationale cypriote fomente un coup d'État contre le président Makarios. Le lendemain, un certain Nicos Sampson s'empare de la présidence et proclame l'Enosis ( Eνωσις - Union).

L'armée turque, prétextant une menace pour les habitants turcophones, envahit aussitôt le nord de l'île. Elle procède aussitôt à l'expulsion des Grecs vers le sud. Depuis cette date, les deux communautés vivent séparées, de part et d'autre d'une «ligne verte» (ou ligne Attila !), sous surveillance des Casques bleus de l'ONU.

Incompréhension

À la République de Chypre (hellénophone) s'oppose depuis lors la République turque de Chypre du nord, reconnue seulement par la Turquie. La première compte environ 700.000 habitants, la seconde 200.000, dont 60.000 colons turcs venus d'Anatolie et 40.000 militaires turcs.

Les Chypriotes grecs ont rejeté massivement un compromis fédéral proposé par l'ONU lors du référendum du 24 avril 2004. Faisant fi de cette impasse politique, l'Union européenne a accueilli la République de Chypre en son sein dès la semaine suivante, le 1er mai 2004.

Ainsi l'île proche-orientale est-elle devenue le premier État de l'Union extérieur à l'Europe géographique. 

Mieux encore, Chypre a obtenu d'entrer dans la zone euro le 1er janvier 2008, bien que tout un chacun put constater que l'île était déjà devenue un refuge pour les fortunes illicites des riches Libanais voisins et surtout des oligarques russes.

Meurtrie par la crise de l'euro, l'île est passée comme la Grèce et le Portugal sous le protectorat d'une «troïka» occidentale réunissant le FMI, la Banque Centrale Européenne et la Commission européenne.

Doutant de leur capacité à se rétablir eux-mêmes, les électeurs hellénophones ont hissé à la présidence le 24 février 2013 un conservateur néolibéral, Nicos Anastasiades, partisan d'un arrimage définitif à la monnaie unique, fut-ce en sacrifiant l'économie nationale.

Alban Dignat

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• 15 juillet 1974 : coup d'État à Nicosie et invasion turque
Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 09:50:14

 
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