« Comment ça merde alors ? But alors you are french ? » s’étonne Louis de Funès face à un Bourvil tout aussi surpris dans La Grande Vadrouille (Gérard Oury, 1966), transformant ce passage du film en une scène culte de l’histoire du cinéma.
Acteur le mieux payé du cinéma européen à la suite du film, Louis de Funès peut être considéré comme le plus grand acteur comique de l’histoire du cinéma français. Retour sur la vie d’un homme effréné, qui, en quatre décennies, a joué dans plus de 140 films.
Un jeune acteur déterminé
Né le 31 juillet 1914 à Courbevoie, Louis Germain de Funès de Galarza est issu d’une famille ruinée de la noblesse castillane du côté de son père. Ses parents lui transmettent la fibre artistique, notamment sa mère qui lui apprend le piano dès son plus jeune âge.
C’est en 1933, à l’âge de 19 ans, qu’il est confronté pour la première fois au milieu du cinéma. Après trois années passées au collège Jules Ferry de Coulommiers, il se retrouve dans la foule des figurants du film de Maurice Tourneur, Deux Orphelines.
En 1942, alors que la France est occupée par les Allemands, il décide de prendre des cours de théâtre et s'inscrit aux Cours Simon à Paris. Il passe le concours d'entrée avec brio grâce à son interprétation d'une scène des Fourberies de Scapin de Molière. Le soir, il travaille comme pianiste dans un bar.
Sous l'Occupation, certains artistes cessent leur activité pour entrer en Résistance, comme Jean Gabin qui abandonne le tournage du film Remorques de Jean Grémillon (1941) pour s'engager dans la marine et les Forces françaises libres, D'autres ont quant à eux une position ambigüe : Maurice Chevalier se déclare pétainiste, Edith Piaf se produit Outre-Rhin et Arletty fréquente Soehring, un officier nazi, homme de confiance de Göring à Paris.
D'autres encore, à l'instar de Louis de Funès, continuent de travailler. « Il faut bien vivre ». C'est l'argument qu'ils utilisent, comme le rappelle l'historien Pascal Ory.
Louis enchaîne les petits rôles à un rythme effréné. Hyperactif et doué de nombreuses grimaces et mimiques, il parvient même à incarner six personnages à la fois dans Du Guesclin de Bernard de Latour en 1948, devenant un astrologue ou seigneur en passant par mendiant ou chef de bande.
Les débuts de la gloire
L’année 1953 marque un tournant dans sa carrière qui décolle grâce au succès de Ah ! les belles bacchantes, une adaptation du célèbre spectacle des Branquignols, troupe comique d’après-guerre. C’est le début de la gloire. Trois ans plus tard, en 1956, il est à l’affiche de La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara avec la star de Touchez pas au grisbi (1954) de Jacques Becker, le ténébreux Jean Gabin.
Le duo se rencontre à nouveau dans Le Gentleman d’Epsom de Gilles Grangier (1962) et Le Tatoué de Denys de La Patellière (1967).
Louis de Funès brille également sur les planches et cartonne en 1958 dans le rôle principal de la pièce de Claude Magnier, Oscar, qui raconte l’histoire d’un industriel qui découvre un pot aux roses invraisemblable le temps d’une journée (sa fille est enceinte, il a été volé par l’un de ses employés, etc.)
Adaptée en 1967 par Edouard Molinaro, le film ne déçoit ni les fans de la pièce, ni la production, en témoigne le box-office.
Entre temps, Louis de Funès joue dans trois futurs blockbusters qui entreront dans le palmarès des meilleurs films comiques français de tous les temps : Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantômas et Le Corniaud. Son amitié avec Bourvil grandit et se renforce au gré des rencontres sur les plateaux. Très vite, le duo devient mythique.
La connivence entre ces deux acteurs et l’excellent duo qu’ils forment à l’écran est à l’origine du succès de La Grande Vadrouille de Gérard Oury (1966). Le film raconte les déboires de deux Français que tout oppose (du caractère à la classe sociale) se retrouvant obligés d’escorter un groupe d’aviateurs britanniques en zone libre, les Allemands étant à leurs trousses.
Ce succès, qui s’inscrit pour Louis de Funès dans une carrière déjà bien engagée, le propulse au rang d’acteur le mieux payé du cinéma européen...
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