Apparu en Grande-Bretagne dans la seconde moitié des années 1860, le combat en faveur du vote des femmes a pris tout d’abord des formes policées : pour les premiers militants britanniques du suffrage féminin, hommes et femmes confondus, il s’agissait avant tout de mener des actions de lobbying pour obtenir un aménagement de la loi, à la faveur des nombreuses réformes électorales adoptées par les gouvernements successifs, conservateurs comme libéraux.
En 1903 toutefois, la création de la Women’s Social and Political Union (Union sociale et politique des femmes) va radicalement changer la donne : sa fondatrice Emmeline Pankhurst, ayant constaté l’échec de la voie légale, met en place une tout autre tactique pour obtenir le vote des femmes. Fidèles à la devise de la WSPU, « Deeds, not words » (« Des actes, pas des mots »). Pankhurst et son armée de « suffragettes » (dico) n’hésitent pas à investir l’espace public et à y mener des actions délibérément violentes : jet de pierres sur les policiers venus réprimer leurs manifestations, bris de vitrines un peu partout dans Londres, et jusqu’à une tentative d’incendie de la maison de Lloyd George.
La répression policière est féroce : battues, violentées, les suffragettes sont arrêtées et incarcérées. Alors que les prisonnières entament systématiquement des grèves de la faim, leurs gardiennes reçoivent l’ordre de les faire manger de force. Des paroxysmes de violence sont ainsi atteints de part et d’autre. Pourtant, l’action des suffragettes se solde elle aussi par un échec : alors que la WSPU a mis ses revendications entre parenthèses pendant le premier confit mondial, c’est bien par la voie parlementaire que se fait la réforme.
Fruit d’un compromis entre le pouvoir en place et une association suffragiste plus modérée, la National Union of Women’s Suffrage Societies – qui fédère toutes les sociétés suffragistes britanniques –, la loi de 1918 sur la « Représentation du Peuple » instaure en Grande-Bretagne le suffrage universel masculin, et accorde le droit de vote aux femmes propriétaires (ou épouses de propriétaires) âgées de 30 ans et plus. Dix ans plus tard, en 1928, les femmes britanniques deviennent électrices dans les mêmes conditions que les hommes, dès l’âge de 21 ans.
Les femmes à travers l'Histoire
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