Un siècle après sa signature, le 28 juin 1919, le traité de Versailles est généralement abordé à la lumière de ses supposées conséquences : en accablant exagérément l’Allemagne et en l'appauvrissant, il aurait favorisé la montée du nazisme ! C'est en tout cas la thèse consécutive à la publication par l'économiste John Maynard Keynes de son opuscule Les conséquences économiques de la paix...
Les professeurs Alain Garrigou et Jean-Paul Guichard reviennent sur les penchants germanophiles qui ont conduit Keynes à lancer cette thèse. Ils démontent avec brio son argumentation et contestent son approche trop strictement économique : « Il n’est alors pas si banal de poser comme principe implicite d’interprétation de l’histoire que la paix est d’abord une affaire économique. Et encore moins de prétendre que les intérêts communs de la prospérité économique imposent d’être clément avec le vaincu. Une formulation classique de ce libéralisme économique du "doux commerce", où l’économisme se trouve associé au pacifisme. »
Les deux auteurs ne craignent pas de déboulonner la statue du Commandeur. Ils rappellent le mépris de Keynes pour la France et son admiration irraisonnée pour l'Allemagne wilhelmienne (de Guillaume II). « Adossées à un antisémitisme non dissimulé, ses conceptions en politique étrangère épousent la vision générale d’une hiérarchie des races largement répandue dans la caste aristocratique britannique », écrivent-ils non sans courage...
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