01 juin 2018

Aujourd’hui, la dette publique française représente près de 100% du PIB (60% il y a 20 ans).

Jean-Yves Grenier, historien spécialiste de l’économie de l’Ancien Régime, revient sur la dette de l’État. Celle-ci a la particularité d’être pérenne, car elle est reconnue par les gouvernements successifs. Une seule exception : le pouvoir léniniste, en 1917, en Russie, a soldé la dette héritée du tsar (convenons que cela ne lui a pas porté chance).

La dette publique est née avec l’État-nation européen. Celui-ci l'a créée et, en retour, la dette l'a aidé à se constituer et en particulier à s'armer. Dans la continuité de Norbert Elias, sociologue et historien allemand, Jean-Yves Grenier rappelle en effet que c’est la guerre qui a engendré à la fois les États et la dette il y a un demi-millénaire en Europe. Confrontés à des guerres violentes, les États européens ont en effet été obligés de recourir à l'emprunt. Et pour rembourser celui-ci, ils ont aussi dû constituer une administration fiscale solide...

Rien de tel pour les empires (Turquie, Chine...) qui pouvaient faire la guerre à moindre coût, sans nécessité de s'endetter.

Chaque fois qu'ils ont été confrontés à une dette excessive, les États européens ont eu la tentation de la banqueroute au moins partielle. Ainsi la France révolutionnaire en 1797. Ils pouvaient aussi compter sur l’inflation (« l'euthanasie des rentiers » selon Keynes). Depuis 1979, et plus encore aujourd'hui, l'Europe s'interdit l’inflation (et bien sûr la banqueroute). Il s'ensuit qu'elle ne peut plus freiner son endettement, sauf à réduire les dépenses publiques, avec pour conséquence d'asphyxier l'économie...