Héritier de la dynastie des Maurya, Açoka est l'une des rares figures de l'Inde ancienne dont l'aura a traversé les siècles. Souverain du Magadha, un royaume hindou de la vallée du Gange, il étend sa domination à l'ensemble de l'Inde du nord. Seuls les royaumes tamouls du sud résistent à ses troupes.
Converti au bouddhisme, Açoka (on écrit aussi Asoka ou Ashoka) s'emploie pour finir à diffuser partout cette religion. Les édits qu'il fait graver dans la pierre aux quatre coins de son empire laissent l'image d'un souverain sage et soucieux de la cohabitation pacifique des différentes religions.
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Le croirait-on ? C'est à Alexandre le Grand, qui a déboulé de la lointaine péninsule des Balkans et a traversé les plateaux d'Iran, que l'Inde doit d'être sortie de ses antiques divisions.
En 326 av. J.-C., le jeune conquérant macédonien livre bataille au roi Pôros, l'un des souverains hindous de la vallée de l'Indus. Il en triomphe sans se laisser impressionner par ses éléphants caparaçonnés mais ses soldats refusent d'aller plus avant. Alexandre se retire mais laisse d'importantes colonies grecques en Bactriane (Afghanistan actuel) et au Gandhara (Cachemire)...
L'abondance de sang versé marque les premières années du règne d'Açoka, destiné à durer plus de 35 ans. À la mort du roi Bindasura, son père, Açoka fait tout d'abord assassiner son frère Sumana. Il mène ensuite des guerres de conquête. Sous son règne, l'empire Maurya, premier grand empire de l'histoire indienne à recouvrir la quasi-totalité de la péninsule, atteint son apogée. Il englobe tout le Nord de l'Inde et descend au sud jusqu'au Karnataka (l'État dont la capitale est aujourd'hui Bangalore).
Dans la huitième année de son règne, après avoir vaincu dans le sang le royaume de Kalinga (l'Orissa actuelle, à l'est), l'empereur prend conscience de la vanité de cette politique d'expansion et de l'horreur des violences commises. « Cent cinquante mille personnes furent arrachées à leur maison, cent mille furent tuées en bataille et beaucoup plus encore moururent par la suite », dit-il avec affliction de sa dernière campagne. Il se convertit au bouddhisme et renonce à toute guerre de conquête. Il déclare que tous ses sujets sont ses enfants, quelle que soit leur religion.
Converti, Açoka réunit un concile bouddhiste à Pataliputra et publie quatre « édits de l'Ordre » qui énoncent les grands principes du bouddhisme. Il les fait graver dans la pierre, dans tout son immense empire. On peut rapprocher ces édits de ceux du Darius, mais contrairement à ceux du roi perse, ceux d'Açoka ne célèbrent pas ses hauts faits et la puissance de l'empire. Ils constituent des instructions à ses sujets. Açoka y interdit le sacrifice d'animaux, invite ses sujets à se convertir au bouddhisme ou encore ordonne de prendre soin des nécessiteux. Le respect du dharma, ordre cosmique universel et principe de l'action juste, est la ligne conductrice de ses édits.
Açoka ne mène pas jusqu'au bout l'unification de la péninsule. Le sud tamoul lui échappe de même que les forêts orientales. Il renforce toutefois la cohésion de son empire en remplaçant les anciens royaumes par cinq grandes régions administratives.
Son œuvre administrative ne va guère mieux lui survivre que son œuvre religieuse. Après sa mort, l'empire Maurya se divise entre ses fils et héritiers. Le dernier souverain de la dynastie meurt sous les coups d'un général séditieux en 185 av. J.-C.
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