Le redressement imprévu de l'opposition aux élections du 17 juin pourrait troubler la présidence Sarkozy...
L'Histoire en direct sur les plateaux télé ! Voilà à quoi ont eu droit les Français au cours de la «semaine renversante» d'entre les deux tours des élections législatives (10 et 17 juin 2007).
Le soir du 1er tour, chacun s'attend à une victoire historique de la droite parlementaire après l'élection à la présidence de Nicolas Sarkozy.
Puis, voilà que Laurent Fabius, leader mal-aimé de la gauche socialiste (*), interpelle le ministre de l'Économie, l'un des poids lourds du nouveau gouvernement : «Vous engagez-vous oui ou non à ne pas augmenter la TVA pour financer vos cadeaux fiscaux ?»
Pris de court, le ministre Jean-Louis Borloo avoue que le principe n'est pas exclu. Les jours suivants, le Premier ministre François Fillon en rajoute en précisant que l'augmentation de la TVA pourrait atteindre 5 points (de 19,6% à 24,6%).
Faisant mine d'ignorer que la TVA devra en premier lieu couvrir les cadeaux fiscaux du candidat Sarkozy, il promet que l'augmentation serait compensée par une baisse des cotisations sociales sur les salaires.
Les ministres montent au front en faisant valoir que le transfert des cotisations sociales vers la TVA, complaisamment baptisé «TVA sociale», pourrait freiner les délocalisations d'emplois industriels. Le président lui-même promet que l'augmentation de TVA se fera sans augmentation des prix !
Malgré ces précautions, beaucoup d'électeurs de droite, dégrisés, boudent les urnes et l'opposition sauve les meubles. Elle gagne une quarantaine de sièges au détriment de la majorité présidentielle et se paie le luxe de battre le ministre d'État Alain Juppé à Bordeaux (*).
Nicolas Sarkozy perd ainsi son ministre le plus expérimenté et doit revoir l'architecture gouvernementale. Pour faire passer la pilule, il y intègre des personnalités atypiques, dont la fondatrice de l'association «Ni putes ni soumises» et une jeune militante noire.
Il garde les coudées franches mais doit désormais compter avec une opposition ragaillardie, en mesure de mieux faire entendre sa voix (à condition que le parti socialiste, principal parti d'opposition, surmonte enfin ses querelles intestines). Qui s'en plaindrait ?
Le demi-succès de la majorité aux élections législatives du 17 juin 2007 a une conséquence dont seul le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon semble avoir pris la mesure. Avec 345 députés sur 577, le parti du président perd à l'Assemblée nationale la majorité des 3/5e indispensable pour réviser la Constitution par la voie parlementaire (sans référendum).
Il est douteux que Nicolas Sarkozy prenne comme ses prédécesseurs le risque d'un référendum pour réviser la Constitution. Tant mieux si le texte fondamental de nos institutions échappe à de nouveaux toilettages inutiles... Mais l'affaire prend une autre dimension si l'on songe qu'une révision de la Constitution sera vraisemblablement indispensable pour valider le nouveau traité européen («mini-traité», «traité simplifié» ou «traité de la réforme»).
Jean-Pierre Jouyet, nouveau secrétaire d'État aux affaires européennes, l'a lui-même confirmé au Sénat, le 20 juin 2007, en réponse à une question de Jean-Luc Mélenchon : «Il est très probable qu'une révision constitutionnelle préalable à l'adoption du nouveau traité sera nécessaire». Il a précisé : «Il ne m'appartient pas de dire si une majorité des 3/5 du Parlement sera réunie ou non pour l'approuver».
Nicolas Sarkozy devra une nouvelle fois monter en première ligne pour obtenir cette majorité et faire adopter son traité.
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