Ninon de Lenclos (1620 - 1705)

Courtisane distinguée

Ninon de Lenclos est l'illustration la plus accomplie d'un modèle féminin très particulier, la courtisane. Séductrice, de bonnes manières et surtout pleine d'esprit, elle a rayonné pendant plusieurs décennies sur les salons aristocratiques parisiens.

Par sa longue existence, elle couvre tout le Grand Siècle qui est aussi le Siècle des libertins et donc son siècle. Elle-même, si l'on en croit la chronique, aurait financé dans son grand âge les études d'un jeune homme plein d'avenir, appelé à illustrer lui aussi le libertinage : Voltaire !

La coqueluche des salons

Ninon est née à Paris sous le nom d'Anne de Lenclos, fille d'Henri de Lenclos (ou Lanclos). Sa date de naissance est incertaine : soit le 10 novembre 1620, soit, selon ses propres dires, en 1623.

D'emblée, son père, un libertin cultivé, qui joue à merveille du luth, se prend d'amour pour sa fille et, contre l'avis de sa mère, lui donne une éducation complète. Ninon apprend le luth, bien évidemment, mais aussi se prend de passion pour... Montaigne, un auteur du siècle antérieur, dont elle lit assidûment les Essais.

Malheureusement, en 1632, son père est mêlé à une sombre affaire d'adultère qui se termine par un meurtre. Le voilà obligé de fuir.

Sa mère envoie Ninon à 16 ans dans le quartier du Marais, au voisinage de la place Royale, où réside la haute aristocratie. C'est le quartier du libertinage par excellence. C'est aussi celui de la préciosité. Les grandes dames font salon dans leur « ruelle », ou chambre à coucher, et se plaisent à commérer et jargonner sur l'amour.

Ninon se livre à un premier amant qui l'abandonne sans façon puis, instruite par sa mésaventure, trouve à se faire entretenir par un riche conseiller du Parlement. En 1642, à la mort de sa mère, les grandes dames du Marais lui tournent le dos. Elle se réfugie alors chez Marion Delorme, la courtisane la plus réputée de l'heure. 

La jeune femme attire autant par ses charmes que par la qualité de sa conversation. Selon le mémorialiste Tallemant des Réaux, « on a distingué ses amants en trois classes, les payeurs dont elle ne se souciait guère, et qu'elle n'a soufferts que jusqu'à ce qu'elle ait eu de quoi s'en passer ; les martyrs et les favorys ». Ses amants lui conservent leur amitié longtemps après la fin de leur liaison. Dans la liste figurent le Grand Condé, le Marquis de Sévigné, La Rochefoucauld, le maréchal d'Estrées ou encore l'astronome Christian Huygens, lequel écrit à propos de la jeune femme :
Elle a cinq instruments dont je suis amoureux :
Les deux premiers, ses mains ; les deux autres, ses yeux.
Pour le dernier de tous et cinquième qui reste,
Il faut être galant et leste.

Elle s'éprend de Louis de Mornay, marquis de Villarceaux, capitaine de la meute du roi. Ce sera son seul amour durable ! Tandis que Paris et la France résonnent des fureurs de la Fronde, elle se retire avec lui pendant près de trois ans dans sa belle propriété de Villarceaux, dans le Vexin français, à l'ouest de la capitale. Elle donne naissance à un fils qui brillera par ses qualités militaires mais ne laissera pas de descendance.

De retour à Paris, Ninon renoue avec son joyeux commerce. Sa réputation devient telle que les courtisans lui confient leurs fils pour qu'elle leur apprenne les bonnes manières et la façon de bien traiter les femmes !...

Publié ou mis à jour le : 2022-06-20 23:44:06

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net