Héritier des Lumières et de Jean-Jacques Rousseau, Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, compte parmi les grands utopistes du XIXe siècle. Petit-cousin du mémorialiste de Louis XIV, il s'enrichit en spéculant sur les biens nationaux puis sombre dans le dénuement.
À travers de nombreux ouvrages, dont Le Nouveau Christianisme (1825), il se présente comme le prophète d'une nouvelle religion fondée sur la fraternité et la foi dans le progrès et l'industrie. Dans le premier numéro de sa revue L'Organisateur (1819), il publie une célèbre parabole, dans laquelle il oppose l'utilité sociale des producteurs et des savants à l'inutilité des dirigeants politiques, religieux et militaires...
Le saint-simonisme va exercer une influence profonde sur l'élite française du Second Empire. Il séduit l'historien Augustin Thierry et le philosophe Auguste Comte, fondateur du positivisme (tous les deux furent les secrétaires de Saint-Simon), les banquiers Jacob et Isaac Pereire, qui organisent le crédit en France, le polytechnicien Michel Chevalier, rédacteur du traité de libre-échange de 1860, Prosper Enfantin, un autre polytechnicien, qui convainc le diplomate Ferdinand de Lesseps de l'intérêt ducanal de Suez, etc.