Enfant naturel d'un Syrien et d'une Américaine, Steve Jobs est adopté peu après sa naissance par un couple américain de Mountain View (Californie). Puissamment inspiré et d'un caractère affirmé, il crée l'entreprise Apple dans le garage de ses parents avec son ami l'informaticien Steve Wozniak (le nom et le logo de l'entreprise sont un hommage à Alan Turing, un informaticien britannique génial et homosexuel qui s'est suicidé après avoir croqué une pomme).
Tirant profit de l'invention du micro-processeur, Apple invente le micro-ordinateur (Apple II, 1976) puis le multifenêtrage et la souris (Macintosh, 1984). Malgré ces succès, Steve Jobs est viré en 1985 de sa propre société par John Sculley, un ex de Pepsi qu'il avait lui-même recruté. Le soir où il apprend sa mise à pied, il passe la nuit recroquevillé sur son matelas posé à même le sol de son gigantesque manoir de Jackling House, à Woodside (Californie), à quelques mètres de la maison de son ancien amour, Joan Baez...
S'étant remis de sa dépression, il crée une compagnie concurrente, NeXT, et revient chez Apple par la grande porte en 1997. Dès lors vont s'enchaîner des innovations qui vont changer le monde : iPod (1998), iPhone (2007) et iPad (2010).
Steve Jobs apparaît comme le plus grand visionnaire de sa génération, l'héritier de Thomas Edison et Henry Ford. Mais son ego et son âpreté au gain en font aussi le représentant de son époque néolibérale, amorale, individualiste et cupide. En témoigne le contraste abyssal entre le caractère avantgardiste d'Apple, champion de la Silicon Valley californienne (100 milliards de dollars de trésorerie, marge brute : 44% en 2011), et le sort misérable des ouvrières de l'entreprise chinoise où sont fabriqués ses produits (cadences, salaires, santé, environnement).