28 octobre 2018

Asselineau-Todd : « La France va-t-elle disparaître »

François Asselineau a recueilli 300 000 voix aux présidentielles de 2017 en prônant la sortie de la France de l’euro, de l’Union européenne et de l’Otan ! Malgré son score modeste, cet ancien haut fonctionnaire anime un parti politique très actif, l’UPR.

L'UPR a tenu son université d’automne près d’Azay-le-Rideau. Le point d’orgue fut un débat de haute volée entre l’ex-candidat et l’historien Emmanuel Todd, avec pour modérateur le jeune Aurélien Enthoven (17 ans), fils de Carla Bruni et Raphaël Enthoven !

Sur un thème provocateur : « La France va-t-elle disparaître ? », les deux orateurs nous offrent un festival d’intelligence… et de décontraction.

Tout commence sur un constat amer : la France se désindustrialise à vive allure depuis deux décennies et l’actualité récente fait craindre que le mouvement ne soit pas achevé (Ascoval, Condat, Renault…). Faut-il incriminer l’attrait des industriels pour les délocalisations dans les pays à bas salaires ? « Les milliardaires en ont toujours rêvé mais avant, ils ne le pouvaient pas. Depuis quand le peuvent-ils ? Depuis le traité de Maastricht qui les y autorise et même les y encourage au nom de la lutte contre l’inflation ! » lance François Asselineau.

La France aurait selon lui perdu les éléments-clé de sa souveraineté : monnaie, défense, frontières, diplomatie, au profit de Francfort, Bruxelles ou Washington, sans changer quoi que ce soit à ses institutions, à la manière de l’État de Mysore, aux Indes, qui a pu être colonisé par les Anglais tout en conservant les apparences de sa souveraineté : un maharadjah en son palais.

Le président de la République française, en théorie doté de plus de pouvoir que Louis XIV, ne peut rien faire de plus que de distribuer à droite et à gauche des aides sociales ou des déductions fiscales aux victimes de l’ouverture des frontières.

Il ne lui est pas possible de contenir le déficit commercial de la France du fait de la monnaie unique et il ne lui est pas permis par les règlements européens de mener une politique industrielle incitative. Son ambition politique (« son cap ») se résume à combler les vœux de Bruxelles et Berlin en comblant le déficit du budget de l’État mais il s’agit d’une mission impossible car ce déficit est la conséquence irrépressible du déficit commercial, qui oblige à emprunter à l’étranger pour compenser l’exportation de monnaie et éviter un trop rapide appauvrissement de la population. 

Emmanuel Todd, très à l’aise devant un public militant et plutôt jeune, déclare partager très largement le diagnostic de son interlocuteur… sauf sur un point : la relation transatlantique. De son point de vue, la France a besoin d’un allié pour résister à la domination hégémonique de l’Allemagne sur le Vieux Continent, qui emporte tout sur son passage : aussi bien l’industrie aéronautique de la France que son agriculture.  Cet allié ne saurait être que les États-Unis et plus largement les Anglo-Saxons. À quoi François Asselineau rétorque qu’il serait imprudent de confondre les Anglo-Saxons américains avec les Anglais et souligne leur côté… « Saxon » !

Relevons un échange piquant sur la primauté de la langue anglaise. François Asselineau invite à s’y opposer en s’appuyant sur la francophonie, en plein essor du fait de la natalité explosive de l’Afrique. Il note aussi que la suprématie de l’anglais ne saurait être éternelle. Déjà elle est battue en brèche aux États-Unis eux-mêmes du fait de la poussée de l’espagnol !

Emmanuel Todd, quant à lui, se veut rassurant. Les Scandinaves montrent que l’on peut être parfaitement bilingue tout en restant fidèle à son identité nationale et culturelle. Il note aussi que le premier pays anglophone du monde sera bientôt… l’Inde et que les élites anglo-saxonnes pourraient bientôt souffrir d’être les seules au monde à n’être pas bilingues !


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