5 avril 1242

Alexandre Nevski défait les Allemands

Le 5 avril 1242, Alexandre Nevski massacre les chevaliers Teutoniques et les chevaliers Porte-Glaives sur les glaces du lac Peïpous, à la frontière de l'Estonie actuelle. De cette victoire, aussi appelée « bataille de la Glace », va sortir la nation russe, au terme d'un douloureux processus.

Alban Dignat
Parenthèse mongole

Vingt ans plus tôt, les Mongols de Gengis Khan ont ravagé et conquis la steppe eurasienne, de la Chine aux abords de la Hongrie.

Le successeur de Gengis Khan s'installe à Sarai, sur les bords de la Volga, et après une résistance opiniâtre, les princes russes, désunis, se soumettent à son autorité. C'est ainsi que l'invasion mongole brise net en Russie les progrès de la civilisation. Pendant ce temps, l'Occident brille de tous ses feux et érige ses cathédrales. En France règne Saint Louis.

Les Suédois, les Allemands et les Lituaniens profitent de la situation pour tenter de coloniser le nord de la plaine orientale.

Dans ce moment le plus tragique de l'histoire russe surgit un sauveur, Alexandre. Il est le deuxième fils du grand-prince russe Iaroslav qui gouverne la principauté de Vladimir, au nord de Moscou, tout en faisant allégeance à l'empereur ou khan  mongol.

Sa famille descend d'un aventurier suédois ou danois, Riourik (ou Riurik). Riourik est un Varègue, ou Viking de l'Est, qui a pillé les côtes de France et d'Angleterre avant de s'établir en 860 à Novgorod et de jeter les bases de l'État russe !

Une croix en bronze du XIe siècle (musée archéologique de Novgorod) Alexandre reçoit à vingt ans le commandement des troupes de la cité marchande de Novgorod. Il se porte au-devant des Suédois et les vainc le 5 juin 1240, au bord de la Neva. Cette première et grande victoire lui vaut le surnom de Nevski.

Le jeune prince est néanmoins déchu de son commandement par le Conseil du peuple de la république de Novgorod. Les Lituaniens et les Allemands en profitent pour engager à leur tour une vaste offensive contre les principautés russes.

Devant le danger, l'archevêque de Novgorod rappelle Alexandre Nevski. C'est ainsi que celui-ci défait les chevaliers Teutoniques et les chevaliers Porte-Glaives.

Les vaincus de la «bataille de la Glace»appartiennent à des ordres monastiques d'origine allemande, à vocation militaire et colonisatrice. Leur objectif officiel est de christianiser les populations semi-païennes de l'Europe slave. Dans les faits, ils se montrent surtout attentifs à décimer ces populations et à les remplacer par des colons allemands.

La victoire d'Alexandre Nevski met un terme à la poussée colonisatrice des Allemands vers l'Est (le «Drang nach Osten»)... mais n'altère en rien la domination mongole sur l'immense plaine russe.

Un héros très conciliant

Alexandre Nevski en saint orthodoxe (icône du XVIIe siècle de la cathédrale de l'archange Saint-Michel, à Moscou, musée du Kremlin) En 1252, dix ans après sa victoire sur les Allemands, Alexandre Nevski devient grand-prince de Novgorod à la place de son frère aîné André, celui-ci ayant été destitué par le khan mongol pour cause d'insoumission.

Alexandre rentre dans le rang et, par une attitude pleine d'humilité, obtient des Mongols l'allègement de leur joug.

L'un des fils d'Alexandre Nevski héritera de la petite principauté de Moscou.

Il témoignera comme son père d'une soumission exemplaire aux Mongols et leur bienveillance lui permettra d'agréger peu à peu le peuple russe autour de sa principauté.

C'est ainsi que les descendants d'Alexandre Nevski unifieront la plaine russe à leur profit jusqu'à ce que l'un d'eux, Ivan IV le Terrible, s'émancipe définitivement des Mongols et instaure par la violence un État centralisé.

Un mythe national

Héros national, Alexandre Nevski a été canonisé après sa mort par l'Église orthodoxe.

En 1712, pour honorer son souvenir, le tsar Pierre le Grand fait édifier le somptueux monastère Alexandre-Nevski sur l'emplacement de la bataille de la Neva.

image du film Alexandre Nevski (Eisenstein, 1938)En 1938, enfin, le cinéaste Serge Eisenstein réalise un film intitulé Alexandre Nevski, avec une musique de Serge Prokoviev, dont c'est aujourd'hui l'oeuvre la plus jouée dans le monde à part Pierre et le loup !

Ce film de propagande anti-allemande résulte d'une commande de Staline qui voulait raviver le nationalisme grand-russe à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Il n'en figure pas moins parmi les chefs-d'oeuvre du cinéma mondial !

Publié ou mis à jour le : 2022-04-05 21:46:33
xerxes (06-04-2011 23:57:16)

Excellent article. On peut en effet s'étonner de la passivité d'Alexandre devant les mongols dont l'occupation était bien pire que celle des Teutoniques. Par ailleurs, il faut insister sur le fait ... Lire la suite

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