461 av. J.-C.

Périclès à la tête d'Athènes

Au Ve siècle av. J.-C., les bords de la mer Égée se partagent entre différentes cités grecques, belliqueuses et jalouses de leur indépendance. L'une d'elles, Athènes, va se distinguer par ses victoires sur les puissantes armées de l'empire perse, dans les guerres médiques.

Sous l'impulsion d'un dirigeant exceptionnel, le stratège Périclès, elle consolide son avantage sur les autres cités et, en deux générations, va porter à son apogée la culture et la pensée grecques. Aussi parle-t-on aujourd'hui du Ve siècle comme du « Siècle de Périclès ».

Fabienne Manière

La ligue de Délos

Au début du Ve siècle av. J.-C., le puissant empire perse entre en guerre contre les petites cités grecques de la mer Égée. Contre toute attente, l'armée et la flotte perses sont battues à Marathon (490 av. J.-C.) et Salamine (480 av. J.-C.). Le principal mérite de ces victoires revient à Athènes, capitale de l'Attique.

En 479 av. J.-C., les Grecs coalisés remportent une nouvelle victoire navale sur les Perses au cap Mycale, en face de l'île de Samos.

Pour ne pas se trouver à nouveau démunis face à la menace perse, les dirigeants athéniens Thémistocle et Aristide convoquent un grand congrès des cités grecques en 476 av. J.-C. C'est ainsi que se constitue la Ligue de Délos, du nom d'une île des Cyclades qui abrite un sanctuaire d'Apollon. La nouvelle ligue regroupe environ 200 cités maritimes de la mer Égée et de l'Asie mineure. Parmi les principaux absents figure Sparte, la grande cité du Péloponnèse rivale d'Athènes.

Le conseil fédéral de la Ligue, présidé par Athènes, arbitre les éventuels litiges entre ses membres. Il a surtout pour objectif de collecter les fonds destinés à l'entretien d'une flotte de guerre permanente de 200 navires et de 40.000 hommes d'équipage.

Athènes ayant la flotte la plus importante, elle obtient le commandement de la flotte et donc gère le budget qui lui est destiné. De nombreuses cités n’avayant pas de bateaux de qualité suffisante à apporter à la Ligue, elles versent en compensation un tribut à Athènes. En attendant d'être utilisé, ce trésor est pieusement conservé sur l'île sacrée de Délos, où nul humain n'a le droit de s'établir. Mais il s'ensuit bientôt qu'à l'exception d'Athènes, seules trois autres cités s'acquittent de leur contribution en bateaux, Samos, Chios et Lesbos... 

La Ligue de Délos consacre ainsi la prépondérance d'Athènes et va contribuer à diffuser le modèle politique athénien.

Avènement de Périclès

Buste de Périclès portant l'inscription : Périclès, fils de Xanthippe, Athénien, marbre, copie romaine d'après un original grec de 430 av. J.-C. environ, musée Pio-Clementino, Rome.En 461 av. J.-C., les Athéniens élisent Périclès à la fonction de stratège (une sorte de Premier ministre).

Âgé de moins de 30 ans, le nouveau chef de la cité est le fils de Xanthippe, l'un des vainqueurs du cap Mycale. Par sa mère, il se rattache au législateur Clisthène.

Représentant du parti populaire (en dépit de la répugnance que lui inspire le peuple), il sera réélu sans discontinuer au poste de stratège jusqu'en 431 av. J.-C.

Sitôt au pouvoir, Périclès consolide les institutions démocratiques de la cité et facilite l'accès de tous les citoyens aux responsabilités. Il limite les pouvoirs de l'Aréopage, ouvre l'accès à l'archontat aux citoyens de troisième classe (les zeugites) et généralise le tirage au sort.

Pour encourager les citoyens les plus pauvres à exercer les magistratures, il accorde des indemnités aux membres du conseil des Cinq-Cents, aux archontes, aux juges du tribunal des héliastes et aux stratèges.

L'historien Thucydide (470 à 395 av. J.-C.), auteur de La guerre du Péloponnèse, lui attribue une belle définition de la démocratie : « L'État démocratique doit s'appliquer à servir le plus grand nombre ; procurer l'égalité de tous devant la loi ; faire découler la liberté des citoyens de la liberté publique. Il doit venir en aide à la faiblesse et appeler au premier rang le mérite. L'harmonieux équilibre entre l'intérêt de l'État et les intérêts des individus qui le composent assure l'essor politique, économique, intellectuel et artistique de la cité, en protégeant l'État contre l'égoïsme individuel et l'individu, grâce à la Constitution, contre l'arbitraire de l'État ».

Reste que la citoyenneté est très limitée. Alors qu'elle ne concernait qu'un petit tiers de la population, Périclès en restreint l'accès aux personnes nées de deux parents eux-mêmes déjà citoyens.

Périclès victime de lui-même !

Périclès, qui a perdu ses enfants nés d'un premier mariage avec une Athénienne, est rattrapé par la loi qu'il a lui-même fait voter et qui réserve la citoyenneté aux hommes nés de deux parents athéniens : il ne peut faire accorder la citoyenneté à son dernier fils, né de sa liaison avec une étrangère de Milet, une courtisane célèbre du nom d'Aspasie.

Hégémonie d'Athènes

Vis-à-vis des autres cités grecques et des ennemis lointains, Périclès redouble d'initiatives qui vont asseoir la domination d'Athènes sur la plus grande partie de la Grèce.

En 465 av. J.-C., le roi des Perses Xerxès Ier est assassiné par son ministre Artaban et les Égyptiens en profitent pour se soulever.

Périclès veut profiter de l'occasion pour affaiblir les Perses. En 454 av. J.-C., il envoie sa flotte au secours des Égyptiens mais elle doit rebrousser chemin et son échec met la Ligue de Délos au bord de la ruine. La même année, sans plus de succès, Périclès conduit personnellement une campagne dans le golfe de Corinthe pour raisonner des cités rebelles.

Guère affecté par ces échecs personnels, il prend prétexte du péril perse pour faire transporter de Délos à Athènes le trésor de la Ligue. De façon inattendue, il va s'en servir pour reconstruire avec une splendeur inégalée l'Acropole, qui avait été ravagé par les Perses en 480 av. J.-C. 

Aux Grecs qui protestent, Périclès répond qu’Athènes est libre de disposer de ces fonds dès lors qu'elle garantit la sécurité de toutes les cités dans la mer Égée. Il n'hésite pas à exercer une répression sanglante sur les cités qui cherchent à sortir de la ligue et se défaire de leurs engagements.

Sur sa lancée, il remplace le conseil fédéral de la Ligue par l'assemblée du peuple d'Athènes. Cette dernière ne dissimule plus désormais sa volonté d'hégémonie sur l'ensemble des cités de la Ligue.

Vers la lutte finale

Artaxerxès Ier, qui a succédé à son père Xerxès à la tête de la Perse, après avoir fait exécuter Artaban, conclut enfin un traité avec Périclès en 449 av. J.-C. Il s'engage à ne plus intervenir dans la mer Égée. De leur côté, les Athéniens s'engagent à ne plus intervenir en Asie.

Cette paix est dite paix de Cimon (ou paix de Callias ou Kallias), du nom de Cimon, fils du général Miltiade, le vainqueur de Marathon, qui l'a préparée avant sa mort. Elle écarte pour longtemps la menace perse et consacre le triomphe d'Athènes et de Périclès.

Trois ans plus tard, en 446 av. J.-C., Périclès promeut un projet d’union panhellénique et convoque un congrès à cet effet mais Sparte refuse d'y participer, ne voulant pas avaliser la suprématie d'Athènes sur la péninsule. Qu'à cela ne tienne, Athènes conclut une trêve de Trente Ans avec sa rivale. Mais cette trêve est bientôt compromise par l'arrogance d'Athènes et la poursuite de ses offensives impérialistes. Il va s'ensuivre en 431 le début du long conflit dont Thucydide a tracé l'histoire, la guerre du Péloponnèse. Pour l'historien, c’est bien « l’essor d’Athènes et la crainte qu’elle a instillé à Sparte qui ont rendu la guerre inévitable ».

Périclès ne verra que le début du conflit. Désavoué en 431, il est réélu deux ans plus tard par ses concitoyens à la charge de stratège mais presque aussitôt emporté par une épidémie de typhus.

Publié ou mis à jour le : 2021-12-03 22:24:55
hollange guillaume (21-07-2006 13:53:13)

L'article est vraiment très bien créé mais je trouve qu'il n'est pas encore assez STRUCTURE... Globalement il est super

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