Le 31 août 1763, Rio de Janeiro devient la nouvelle capitale du Brésil colonial, détrônant Salvador de Bahia.
Ce transfert consacre la montée en puissance du Brésil méridional, fort de son climat tempéré, de ses ressources caféières et surtout minières.
En 1698, des prospecteurs découvrent de l'or dans une rivière du Minas Gerais (« Mines Générales » en portugais), à l'ouest de Rio de Janeiro. Immédiatement, l'on se précipite vers les nouveaux gisements, de Rio, de São Paulo, de Bahia, et même du Portugal, où l'administration tente d'empêcher l'émigration vers la colonie, dont les historiens estiment cependant qu'elle a concerné plus de 500 000 personnes entre 1700 et 1760 !
D'autres gisements sont découverts dans les années qui suivent et renforcent l'attrait de ce nouvel eldorado. En 1711 est fondée Vila Rica, la bien-nommée, rebaptisée dix ans plus tard Ouro Preto (« or noir » en portugais).
La production d'or dans la région est considérable : on l'estime environ à mille tonnes au XVIIIe siècle. Le traité de Methuen, signé en 1703 avec la Grande-Bretagne, fait qu'une partie importante de cette production est commercialisée par les Britanniques.
Les taxes prélevées sur cette production évitent à la couronne portugaise de demander à des corps intermédiaires (états généraux...) l'autorisation de lever des impôts. Mais elles ont une contrepartie : Lisbonne doit entretenir une administration capable de prélever les taxes dans une région lointaine et difficile d'accès, où la contrebande est massive. Les tensions, contenues en période d'expansion, se transforment en révoltes antifiscales, lorsque la production décline durant la seconde moitié du XVIIIe siècle...
L'essor de la région, qui devient la principale zone esclavagiste du Brésil, rejaillit sur le littoral. Il fait de Rio le principal port du Brésil, aussi bien pour les relations transatlantiques que pour le cabotage. São Paulo prospère également grâce à la fourniture de matériel et de nourriture aux prospecteurs.
Mais la relation s'inverse lorsque la production d'or diminue : c'est alors l'arrière-pays qui nourrit la nouvelle capitale, grandie trop vite.
La population du Brésil colonial, exception faite des Amérindiens, passe en moins d'un siècle d'environ 300 000 habitants à environ 2,5 millions, pour la plupart établis dans le sud du pays.
Au XIXe siècle, la prépondérance du sud s'affirme avec le déclin des plantations sucrières, victimes de la concurrence du sucre de betterave, et le développement des plantations caféières.
Le café commence à son tour à se développer autour de Rio au XVIIIe siècle, avant que son centre de gravité ne se déplace vers la région de São Paulo, qui supplante durant la seconde moitié du XIXe siècle celle de Rio.
Il devient alors la principale activité du Brésil et assoit définitivement la domination du sud sur la vie économique du pays. Cultivé par des légions d'esclaves, le café entraîne l'introduction au Brésil d'un million et demi d'Africains supplémentaires entre 1800 et 1850, malgré l'interdiction officielle de la traite en 1831.
Ce n'est qu'en 1850 que cette interdiction est appliquée de façon effective ; encore ne concerne-t-elle que la traite internationale, pas le commerce d'esclaves à l'intérieur du Brésil : des centaines de milliers d'entre eux sont ainsi transférés du nord du Brésil vers le sud.
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