Le 24 mars 1829, le parlement britannique vote l'acte d'émancipation des catholiques en abolissant le «Test Act» de 1672. Il met fin à une discrimination remontant au XVIIe siècle.
Charles II, bien que tolérant en matière religieuse (il se convertit au catholicisme romain sur son lit de mort), a dû accepter en 1672 le vote du «Test Act», de son nom officiel : «loi pour prévenir les dangers que peuvent susciter les réfractaires papistes [catholiques]».
Le texte entre en application l'année suivante. Il contraint les titulaires de charges publiques à prêter serment d'allégeance et de suprématie au monarque, et à rejeter solennellement la Transsubstantiation (dogme catholique selon lequel le corps du Christ est présent dans l'hostie consacrée).
Ils doivent également communier selon les rites de l'Église anglicane dans les trois mois qui suivent leur entrée en fonction. Le frère du roi, le duc Jacques d'York, qui plus tard succédera à Charles sous le nom de Jacques II, démissionne alors de sa charge de Grand amiral, révélant ainsi son catholicisme.
En 1678, l'obligation de rejeter la «Transsubstantiation» est étendue aux pairs et aux députés de la chambre des Communes, qui en étaient à l'origine dispensés. En parallèle, des lois écartent également les non-conformistes de la vie publique.
Cette exclusion contraint les catholiques, peu nombreux du reste, à mener une vie retirée des affaires publiques, à l'exception de certains nobles protégés par leur rang, comme les très importants ducs de Norfolk. Alexander Pope, auteur en 1720 d'une traduction de l'Iliade qui reste considérée comme l'une des plus importantes œuvres du siècle, est un des rares intellectuels catholiques anglais de cette époque.
Le séminaire de Douai, en France, où sont formés les prêtres, est le haut lieu de la vie culturelle et religieuse de la communauté catholique depuis le XVIe siècle jusqu'à sa fermeture sous la Révolution française, bien que des mesures aient été prises pour interdire aux catholiques d'envoyer leurs enfants recevoir une éducation catholique à l'étranger. C'est à Douai qu'est réalisée la traduction anglaise de la Bible utilisée par les catholiques jusqu'au XXe siècle : la première version paraît par étapes entre 1580 et 1610, puis est profondément révisée par l'évêque Challoner entre 1749 et 1752.
La Révolution française contraint de nombreux catholiques à fuir en Angleterre, où l'hostilité aux événements fait qu'ils sont bien accueillis.
De plus, l'Acte d'Union de 1801, en créant le Royaume Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, augmente fortement le nombre de catholiques, bien que les Irlandais soient dans leur majorité considérés comme des citoyens de second rang. C'est d'ailleurs l'Irlandais Daniel O'Connell, critique virulent de l'Acte d'Union, qui mène durant les années 1820 une campagne d'opinion pour permettre aux catholiques de siéger au Parlement.
Le ministre de l'intérieur, Robert Peel, pourtant jusque là farouchement hostile à cette évolution, finit par céder par crainte d'une révolution en Irlande et accepte en 1829 que les catholiques puissent participer à la vie publique. Le premier ministre, le duc de Wellington, doit peser de tout son poids pour convaincre le parlement et le roi d'accepter le Catholic Relief Act, ce qui est chose faite le 24 mars 1829.
L'influence irlandaise en Angleterre, mais aussi au Pays de Galles et en Écosse, s'accroît avec l'immigration irlandaise lors de la Révolution industrielle et à la suite de la «Grande Famine» qui sévit en Irlande entre 1845 et 1852. En parallèle, l'attrait du catholicisme se renforce aussi auprès des classes dirigeantes : l'Église anglicane est en effet traversée par une crise et une division entre la High Church, aux tendances ritualistes et hostile au libéralisme, et la Low Church, plus proche du peuple et des non-conformistes.
L'abolition du «Test Act» en 1829 sanctionne cet essor du catholicisme et accentue le déclin de l'Église anglicane, incapable de s'adapter aux nouvelles réalités. Les mesures de 1828 sur les non-conformistes, dont le nombre augmente également très rapidement, vont dans le même sens...
Durant les années 1830, le mouvement «tractarien» d'Oxford, du nom d'une série de «Tracts for the Times» rédigés par le plus célèbre membre, John Henry Newman, souligne que l'opposition doctrinale entre l'Église anglicane et le catholicisme est beaucoup moins profonde qu'on ne le pense. Newman finit par se convertir au catholicisme en 1845. En 1851 un autre ecclésiastique de premier plan, Henry Manning, se convertit à son tour. Entre temps, en septembre 1850, le pape Pie IX rétablit la hiérarchie catholique en Angleterre, un événement qui suscite une forte opposition parmi les Anglicans, très hostile à l'influence du pape.
L'abolition du «Test Act» n'a pas levé toutes les discriminations puisque, de nos jours encore, l'Acte d'Établissement («Act of Settlement») de 1700-1701 interdit à toute personne qui ne partage pas la communion de l'Église anglicane de monter sur le trône. On a récemment suggéré de supprimer cette interdiction, mais les débats ont alors montré que l'antipapisme demeure virulent en Grande-Bretagne : affaire à suivre...
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