17 août 1847

Assassinat de la duchesse de Choiseul-Praslin

Dans la nuit du 17 au 18 août 1847, la duchesse de Choiseul-Praslin (40 ans) est assassinée dans son hôtel particulier du faubourg Saint-Honoré, à Paris.

Ce drame familial va jeter l'opprobre sur les vieilles élites aristocratiques et sur la monarchie de Juillet installée dix-sept ans plus tôt par Louis-Philippe 1er.

Alban Dignat
Un crime mystérieux

La veille au soir, le duc et son épouse sont rentrés des eaux et ont donné congé à leur nombreuse maisonnée, à l'exception de trois ou quatre domestiques. Leurs neuf enfants, dont huit filles, sont allés au lit sans trop tarder. Eux-mêmes ont ensuite gagné leur chambre respective.

Vers deux heures du matin, les domestiques sont alertés par la sonnette de la chambre de Madame. Ils entendent des cris et des bruits de pas. Quand ils entrent enfin, la duchesse est étalée sans connaissance au pied du canapé. La chambre porte la trace du plus grand désordre et d'une lutte violente.

Les domestiques ne sont pas sans remarquer au même moment de la fumée qui sort de la cheminée de la chambre du duc. Celui-ci arrive en se lamentant et ose, entre deux sanglots, cette question aux domestiques : «Mais qui est entré le premier ?». L'ayant répété avec insistance, le domestique se désigne.

_ Et qu'avez-vous vu ?
_ Je n'ai vu que la pauvre duchesse.
_ Et qu'a-t-elle dit?
_ Elle n'a rien pu dire.
_ Ah...

La duchesse expire à l'arrivée de la police sans avoir repris connaissance. Elle a reçu 33 coups de couteau et a été achevée à coups de crosse de revolver.

Le déshonneur d'un pair de France

L'enquête de police établit très vite que le couple ne s'entendait plus depuis longtemps. La duchesse, fille unique du célèbre général de l'Empire Bastien Sébastiani, avait donné neuf enfants à son époux avant que celui-ci ne se détache d'elle.

Il est vrai qu'elle avait pris de l'embonpoint et son mari lui préférait la compagnie de la gouvernante des enfants, Mlle Deluzy. Jalouse et dotée d'un tempérament très ardent, la duchesse avait obtenu un mois plus tôt, à force de reproches, le renvoi de celle-ci.

Les soupçons s'orientent très vite vers le mari, dont on pense qu'il a brûlé dans sa cheminée les vêtements tâchés de sang et le couteau du crime avant de se montrer aux domestiques. Descendant d'une très illustre famille, il est, à ce titre, membre de la Chambre des pairs et bénéficie du privilège de l'inviolabilité !

L'affaire a immédiatement un retentissement immense dans le royaume. Elle indigne l'opinion publique. On se scandalise de ce vieil aristocrate arrogant et richissime qui se comporte comme le dernier des voyous.

Embarrassé, le roi Louis-Philippe 1er fait transférer le duc au palais du Luxembourg où, profitant d'un relâchement de la surveillance, il absorbe du poison. Il meurt le 24 août sans avoir avoué quoi que ce soit.

Cette affaire atteint la haute noblesse et, par ricochet, la monarchie elle-même. Elle ne sera pas sans incidence sur les émeutes qui, dix mois plus tard, conduiront le roi à abdiquer et céder la place à une IIe République.

Publié ou mis à jour le : 2019-07-23 13:06:40

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