1713-1763

Anglais, Français et Indiens

L'indépendance des Treize Colonies anglaises et la naissance des États-Unis d'Amérique se trouvent accélérées par la rivalité entre Français et Anglais.

L'Amérique du nord à la fin du XVIIIe siècle

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Cette carte témoigne des affrontements entre Européens (Anglais, Espagnols et Français) pour la domination du continent nord-américain. La Nouvelle France tombe en 1763 sous la tutelle de Londres et devient The Province of Quebec cependant que les Treize Colonies anglaises obtiennent en 1783 leur indépendance sous le nom d'États-Unis d'Amérique.

Vieilles rivalités

Sur le continent nord-américain, les Français sont installés depuis le règne de François 1er et les explorations de Jacques Cartier (1534). Ils occupent les rives du Saint-Laurent (la Nouvelle-France, aujourd'hui le Québec) et une succession de fortins dans la vallée du Mississippi, découverte par Cavelier de la Salle, jusqu'à La Nouvelle-Orléans.

Ainsi, les Français dominent de très vastes territoires qui encerclent les possessions anglaises. Ils disposent par ailleurs de militaires professionnels et bien entraînés. Mais ces avantages apparents sont contrebalancés par des faiblesses bien réelles, liées à l'immobilisme politique.

En Nouvelle-France, la monarchie a reconstitué le système seigneurial français : les terres sont cédées à des nobles et ceux-ci les font travailler par des paysans en échange de lourdes redevances ! Ce système n'attire guère les immigrants et, au milieu du XVIIIe siècle, la Nouvelle-France ne compte que 80.000 colons. Dans leur grande majorité, ces colons prolifiques sont les descendants d'un millier de paysans de la région de Mortagne-au-Perche installés là par les soins de Richelieu au siècle précédent. D'eux descendent aussi la plupart des Québécois actuels.

Dans la région des Grands Lacs et le long du Mississipi, le peuplement français est limité à quelques poignées de trappeurs qui font un commerce fructueux de fourrures avec les Indiens.

Les Anglais se cantonnent sur une bande littorale entre l'océan Atlantique et les Monts Appalaches. Mais leurs institutions très souples, accueillantes aux immigrants de toutes croyances (anglicans, puritains, catholiques...), entraînent un peuplement rapide de ces territoires.

Au milieu du XVIIIe siècle, les Treize Colonies comptent déjà pas moins de 1,5 million d'habitants d'origine européenne. Attachés à leurs institutions démocratiques, ces colons débordent d'initiatives et d'audace, à l'image de Benjamin Franklin, le plus accompli d'entre eux.Pour leur défense, les Treize Colonies peuvent compter sur des milices populaires d'une médiocre valeur militaire et surtout sur la flotte britannique.

D'une guerre à l'autre

Les premiers affrontements surviennent à la fin du règne de Louis XIV, à la faveur de la guerre de la Ligue d'Augsbourg (les Anglais préfèrent parler de la «King William's War») entre 1689 et 1697. Rien de très conséquent.

Français et Anglais s'affrontent à nouveau dans la grande guerre de la Succession d'Espagne ou «Queen Ann's War» (1701-1713). Par le traité d'Utrecht, Louis XIV cède l'île de Terre-Neuve, le territoire de la baie d'Hudson et surtout l'Acadie, la principale colonie de peuplement. Il reconnaît par ailleurs les Iroquois comme sujets britanniques... C'est une première reculade significative de la France. Elle s'aggrave dans la longue période de paix qui suit, avec l'extension vers l'ouest de la colonisation anglaise.

La guerre de la Succession d'Autriche ou «King George's War» (1743-1748) ne fait que confirmer le recul des positions françaises. Elle se solde par un enchérissement des coûts de transport entre la métropole et la Nouvelle France et un détournement des flux commerciaux vers les colonies anglaises, mieux desservies par la marine britannique.

L'affrontement décisif survient en 1754 à la veille de la guerre de Sept Ans. Il débute sur l'Ohio avec la prise par les Anglais de Fort Duquesne, aujourd'hui Pittsburgh, d'après le nom du Premier ministre de l'époque. L'un des chefs anglais est un jeune lieutenant-colonel de Virginie qui répond au nom de... George Washington.

Craignant une sédition sur leurs arrières, les Anglais prennent à ce moment la décision tragique de déporter les Acadiens qui ne voudraient pas faire allégeance au roi George III.

Sur le front des Grands Lacs, les Anglais vont, non sans difficultés, repousser les Français, en bonne partie grâce au soutien que leur apportent les Indiens, plus particulièrement les Iroquois. D'où le nom de «French and Indian War» donné à cette guerre par les historiens d'outre-Manche.

La guerre se termine cinq ans plus tard par la prise de Québec et la mort tragique du marquis de Montcalm, commandant des troupes françaises, ainsi que de son ennemi, le général James Wolfe. Par le traité de Paris de 1763, la France de Louis XV, épuisée, cède ses possessions de Nouvelle-France et la rive gauche du Mississipi à l'Angleterre. L'Espagne récupère la rive droite du Mississipi et La Nouvelle-Orléans.

C'en est fini de plus de deux siècles de présence française en Amérique du Nord (si l'on met à part le petit archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon)... La Couronne britannique se retrouve seule face à ses colons ! Ceux-ci, sans guère de reconnaissance pour les efforts endurés par Londres pour les préserver de la tutelle française, ne vont pas tarder à se rebeller au nom du droit.

Jeanne Laffont.
Publié ou mis à jour le : 2024-01-18 15:21:45

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