Onze ans après la dégradation publique du capitaine Alfred Dreyfus sous l'accusation d'espionnage, celui-ci est solennellement réhabilité par la Cour de Cassation de Paris, qui constate que « de l'accusation, rien ne tient debout ».
Vers l'apaisement
L'Affaire Dreyfus, qui a déjà beaucoup secoué l'opinion publique, en France et à l'étranger, aurait pu s'arrêter sur la grâce présidentielle du 19 septembre 1899. Condamné dix jours plus tôt à seulement à dix ans de réclusion en raison de « circonstances atténuantes » (!), le capitaine Dreyfus est à nouveau libre.
Mais cette demi-mesure ne satisfait pas les dreyfusards qui espérent une complète réhabilitation. En 1903, après une relance de l'Affaire par Jean Jaurès dans un discours à la Chambre des députés les 6 et 7 avril, le ministre de la Guerre, le général Louis André, lance une enquête administrative qui va mettre en évidence les manoeuvres de l'état-major et les faux destinés à condamner Dreyfus. Ces nouveaux éléments autorisent un pourvoi en cassation.
Enfin, le 12 juillet 1906, sous le gouvernement présidé par Ferdinand Sarrien, auquel participent Georges Clemenceau et Aristide Briand, l'Affaire trouve son épilogue avec un arrêt de la Cour de Cassation qui casse le jugement du 9 septembre 1899.
Dreyfus est définitivement innocenté. En reconnaissance de son extraordinaire ténacité dans l'épreuve, il est fait chevalier de la Légion d'honneur dans la cour de l'École militaire le 21 juillet 1906, non loin de l'endroit où il a été dégradé onze ans plus tôt ! L'émotion est extrême ainsi qu'il le raconte dans ses mémoires : après la remise de l'insigne, « les troupes défilèrent devant le général Gillain, devant le commandant Targe et devant moi, les officiers saluant du sabre au passage. Les cuivres chantèrent haut et clair en ce jour d'allégresse. Les troupes disparurent. Aussitôt on m'entoura en criant : « Vive Dreyfus ! » Non, m'écriai-je : « Vive la République, vive la vérité ». Les mains se tendirent vers moi... ».
Héros malgré lui, Alfred Dreyfus, qui a résisté avec une incroyable force morale à plusieurs années d'injustice, de bagne et d'acharnement judiciaire, est réintégré dans l'armée mais seulement avec le grade de chef d'escadron car ne sont pas prises en compte ses années passées au bagne dans la reconstitution de sa carrière. Atteint dans sa dignité, il démissionne de l'armée et ne reprendra du service que pendant la Grande Guerre de 1914-1918 en qualité d'officier de réserve.
L'Affaire sera close avec le transfert des cendres de Zola au Panthéon le 4 juin 1908. À cette occasion, il se trouvera un illuminé pour tirer sur Dreyfus et le blesser au bras.
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Constant VALLVERDU (12-07-2020 15:25:23)
Merci Herdote , pour cet excellent article sur " l'affaire Dreyfus " Toutefois je me permet d'apporter une precision : le general Georges Picquart ne décédera pas de maladie , mais bien des co... Lire la suite
Audrey (12-09-2006 21:21:14)
Bonne initiative que cet article: N'oublions jamais ce geste "héroïque" de Zola, écrivain qui connaissait bien son rôle de conscience de son temps et d'acteur social, comme tous devraient l'être... Lire la suite
Monique Lesieur (23-07-2006 16:45:56)
Magnifique Heureusement que notre société a vu naître des Zola, des Picard sinon à quoi bon vivre ? Merci de vous être interessé à cette page de l'histoire qui grace àZola nous réconcilie a... Lire la suite