Le 10 juin 1934, à Rome, avec le triomphe de l'équipe italienne sur les Tchèques lors de la deuxième Coupe du Monde, le football devient un enjeu politique et idéologique...
Mussolini et les idéologues fascistes, à mesure qu'ils renforcent leur emprise sur l'Italie, dans les années 1920, comprennent l'intérêt qu'ils peuvent retirer du football. Celui-ci allie modernité et force physique, travail individuel et sens aigu de l'intérêt collectif. Seule son origine anglaise dérange les nationalistes italiens qui préfèrent le présenter comme l'héritier du calcio florentin, divertissement traditionnel et violent.
Le nom même de l'Inter(nazionale) de Milan sonnant trop cosmopolite, le club est rebaptisé en 1928 « Ambrosiana », du nom du grand évêque de la ville saint Ambroise, et en 1935, le Torino Football Club devient l'Associazione Calcio Torino.
Dès 1926, un fasciste convaincu, Leandro Arpinati, est nommé à la tête de la fédération nationale de football, qui est transférée en 1928 de Turin, ville toujours méfiante vis à vis du Duce, à Rome. En 1932, il est remplacé par l'ancien secrétaire général de la Milice, Giorgio Vaccaro.
Le football doit permettre de rendre à l'Italie son honneur sur la scène internationale, et les matchs contre l'Angleterre, la France ou l'Autriche sont particulièrement surveillés. La propagande est omniprésente, le match est un combat, les joueurs des guerriers. Le grand nombre de blessés montre que ces consignes sont intériorisées par les joueurs.
Le régime fait donc l'impossible pour obtenir l'organisation de la deuxième Coupe du Monde... et la remporter.
Une victoire au forceps
Afin de multiplier les chances de succès, on naturalise les descendants d'immigrants en Amérique du sud, quitte à trafiquer leurs papiers d'identité, pour faire jouer Enrico Guaita, Raimundo Orsi et Luis Monti dans la Squadra Azzura.
Le résultat est de fait à la hauteur des ambitions du régime : après des victoires obtenues en multipliant les fautes - le match contre l'Espagne fait onze blessés - et avec le coupable silence des arbitres intimidés par l'ambiance, l'équipe italienne bat la Tchécoslovaquie le 10 juin 1934 par deux buts à un après prolongation, à la grande satisfaction de Mussolini.
Jules Rimet, président de la FIFA, écrit qu'on a pu penser « que durant cette Coupe du Monde le vrai président de la Fédération Internationale de football était Mussolini ».
Peu désireuse de s'arrêter en si bon chemin, l'équipe italienne de football remportera également les Jeux Olympiques de 1936 et la Coupe du Monde de 1938.
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