1er octobre 1895

Madagascar sous protectorat français

Le 1er octobre 1895, un corps expéditionnaire français entre à Tananarive, capitale de Madagascar.  Il impose un traité de protectorat à la reine de l'île, Ranavalo III.

L'île devient partie intégrante de l'Empire français pour un peu plus d'un demi-siècle.

La colonisation interrompt l'élan amorcé au début du XIXe siècle par la formation d'un État centralisé, sous la conduite des Merinas, la population des hauts plateaux, dont la culture s'apparente à celle des Indonésiens.

Alban Dignat

Tananarive, 1895 : dernier discours public de Ranavola III avant l'exil (en haut à gauche, l'angle du Palais de la Reine)

Concurrence franco-britannique

À la fin du XIXe siècle, l'île compte environ deux millions d'habitants. Britanniques et Français se font concurrence à Madagascar à travers leurs missionnaires et leurs trafiquants. Les premiers font sentir leur influence sur les Hovas ou Mérinas des hauts plateaux et les convertissent très majoritairement au protestantisme. Les Français renforcent leur présence parmi les populations côtières, rivales des Mérinas des hauts plateaux, et les convertissent au catholicisme.

En 1883, sous le prétexte de brimades subies par leurs négociants, les Français précipitent les choses en bombardant le port de Tamatave, en pays Betsimisaraka. Enfin, le 17 décembre 1885, ils imposent au souverain malgache la cession de la baie de Diégo-Suarez, à la pointe nord de l'île, le contrôle par eux-mêmes de la politique étrangère du royaume malgache, l'installation d'un résident français à Tananarive, la capitale de l'île, et, par-dessus le marché, une indemnité de guerre.

Ce traité léonin est un protectorat qui ne dit pas son nom mais sa mise en application se heurte à la résistance passive de la reine Ranavalo III.

Conquête française

Pour amener la souveraine à résipiscence, un corps expéditionnaire français sous le commandement du général Duchesne débarque à Majunga. Il remonte jusqu'à Tananarive, sur les hauts plateaux, principale ville et capitale de la Grande Île.

Les événements de Madagascar selon Le Petit Journal (1895), qui ne dépeint pas la guerre mais l'exode des colons. Agrandissement : La guerre à Madagascar par H. Galli, Paris, BnF, Gallica.Médiocrement organisée, cette expédition est très meurtrière : le tiers des quinze mille hommes meurt de fièvres dans les marais de la côte occidentale.

Le 1er octobre 1895, malgré tout, une colonne légère entre dans la capitale. Aux premiers obus tombés sur son palais, la reine Ranavalo III capitule et accepte un protectorat en bonne et due forme. Mais, aussitôt après, éclate la révolte dite des « Menalamba » (ou toges rouges, le « lamba » étant le vêtement national des Malgaches) ; elle réunit des représentants de l'élite merina et se traduit le 22 novembre 1895 par le massacre d'une famille de missionnaires protestants.

L'agitation se prolongeant et la reine et son entourage étant suspects de la soutenir, le royaume est formellement annexé par la France le 6 août 1896.

Joseph Gallieni (Saint-Béat, 24 avril 1849 ; Versailles, 27 mai 1916)Le général Duchesne, impuissant à mater la rébellion, est remplacé par le colonel Joseph Gallieni (45 ans), promu général pour l'occasion et pourvu des pleins pouvoirs civils et militaires.

Gallieni a déjà montré son savoir-faire en Indochine face aux « Pavillons noirs », avec un adjoint promis comme lui à un brillant avenir : Hubert Lyautey.

Le nouvel homme fort de l'île arrive à Tananarive avec un bataillon de la Légion étrangère.

Sans tarder, il fait arrêter les deux personnages qui inspirent la rébellion, à savoir l'oncle de la reine, détesté du peuple, et son ministre de l'Intérieur, au contraire très populaire. Tous les deux sont fusillés pour l'exemple. Le 28 février 1897, la reine est quant à elle exilée à La Réunion puis à Alger.

Les hauts plateaux mérinas étant soumis, Gallieni se consacre par étapes à la « pacification » des régions côtières. Combinant fermeté et générosité, il fait exécuter les meneurs de la révolte.

Le fidèle Lyautey débarque en ligne droite du Tonkin pour le soutenir dans cette nouvelle tâche. La police locale est assurée par des milices malgaches sous commandement français ; l'administration est laissée aux chefs locaux et aux conseils de notables, sous contrôle français. 

Exécution des deux chefs de la rébellion malgache en 1896

Des écoles primaires et professionnelles se multiplient. Gallieni abolit aussi l'esclavage mais dans son désir d'accélérer le développement de l'île, il instaure d'autre part le travail forcé, une resucée de la corvée d'Ancien Régime. Il encourage aussi la venue de colons européens. En réaction, les Malgaches rebelles forment des sociétés secrètes et complotent contre le colonisateur.

Une nouvelle révolte, en 1904-1905, provoque le rappel du gouverneur. Mais la France est déjà solidement établie dans la Grande Île et son influence se fait sentir sur le développement économique et les infrastructures.

En 1924, le travail forcé est remplacé par des « travaux d'intérêt général » sans que cela améliore le sort des Malgaches, surtout dans les régions de plantations, sur la côte orientale, autour de Tamatave. C'est là qu'éclateront les révoltes populaires de 1947.

Publié ou mis à jour le : 2022-09-29 13:43:02
Hugo (01-10-2018 14:30:36)

Bonjour, Tout le monde connaît LA phrase de Jean Seberg dans le film de Jean-£uc Godard "A bout de souffle" : "Ca veut dire quoi, dégueulasse?" £a réponse est à Madagascar en 1895 (entre au... Lire la suite

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