Janvier 2004

2003, année charnière

De la guerre d'Irak au sommet de Cancun en passant par le projet de Constitution européenne, 2003 nous laisse entrevoir ce à quoi pourraient ressembler les prochaines décennies.

L'année qui s'achève a été marquée par des événements d'une grande portée historique: guerre d'Irak, échecs en cascade de l'Union européenne, interruption du processus de libéralisation des échanges...

Année charnière, 2003 marque la fin de la transition post-soviétique. Au terme d'une décennie chaotique, elle nous laisse entrevoir ce à quoi pourraient ressembler les prochaines décennies et il est bien possible que les historiens du futur situent en 2003 le début d'une nouvelle période historique.

Le nouveau défi américain

La guerre d'Irak a mis en évidence l'extrême confiance des États-Unis en eux-mêmes et le désarroi des Européens, impuissants à faire entendre leur voix dans le concert diplomatique.

Il est clair que le président George Bush a abusé ses concitoyens en intervenant de façon préventive en Irak sous le prétexte de détruire des armes de destruction massive; il est clair aussi que la chute du régime de Saddam Hussein a plutôt aggravé l'instabilité géopolitique du Moyen-Orient.

D'un autre côté, on peut se demander si le principal effet attendu de cette intervention par les dirigeants de Washington n'est pas de ressouder le peuple américain autour d'une cause sacrée (la lutte contre le terrorisme aveugle)?

Pendant le demi-siècle qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, les Occidentaux ont bandé leurs muscles pour faire face à la menace soviétique. Les résultats en ont été bénéfiques tant sur le plan géopolitique que sur le plan socio-économique (paix approximative, croissance forte de la production, amélioration considérable des conditions de vie...).

Dans l'esprit de George Bush et de ses collaborateurs, les terroristes islamistes et les «États voyous» pourraient remplacer les Soviétiques dans le rôle du méchant nécessaire...

L'Europe en déliquescence

Il va sans dire que cette vision de l'avenir n'est pas partagée par l'opinion et les dirigeants européens. Les uns et les autres aspirent à l'ataraxie dans un monde idyllique où tous les problèmes se règleraient autour d'une table.

Du fait même de cette crainte de se saisir des problèmes à bras-le-corps, l'Europe aruiné en quelques mois plusieurs décennies de progrès dans l'unification politique du continent.

On a ainsi pris acte de l'impuissance abyssale de la Commission de Bruxelles face aux scandales financiers, aux déficits budgétaires ou aux pressions des lobbies industriels. Et l'on se résigne par avance à l'échec du projet de Constitution européenne.

Sur la scène diplomatique (Irak, Tchétchénie, Proche-Orient...), l'Europe fait entendre une cacophonie qui laisse mal augurer de sa crédibilité.Au final, ses dirigeants s'obligent bon gré mal gré à suivre en ordre dispersé les États-Unis.

Même échec enAfrique où la France témoigne des limites d'une intervention isolée d'un pays européen par son incapacité à empêcher l'éclatement de la Côte d'Ivoire.

Par sonrefus d'affronter le monde réel, l'Europe peut être affectée non seulement dans sa diplomatie mais aussi dans sa chair, plus gravement et plus durablement.

Fin de la libéralisation

Dans le domaine économique, le fait marquant de l'année 2003 restera sans doute l'échec du sommet de l'Organisation Mondiale du Commerce à Cancun (Mexique).

Les pays pauvres ont bloqué l'institution pour protester contre le refus des États-Unis et de l'Europe de démanteler les systèmes d'aides à leurs agriculteurs. Ces subventions motivées pour des raisons électorales favorisent les exportations vers les pays du Sud et pénalisent gravement les agriculteurs de ces pays.

On peut craindre que la flambée du cours de l'euro par rapport au dollar ne mette également à l'épreuve les échanges entre les deux principales zones industrialisées du monde.

2003 pourrait marquer un coup d'arrêt dans le processus institutionnel de libéralisation des échanges (Kennedy Round, Uruguay Round et création de l'OMC en 1995). Mais ce coup d'arrêt, s'il se vérifie, peut aller de pair avec une forte croissance économique comme cela s'est vérifié au cours du XIXe siècle.

D'ores et déjà, l'Amérique du nord, l'Inde et l'Extrême-Orient affichent des taux de croissance exceptionnels de 4 à 7% par an... qui pourraient élargir le fossé avec les laissés-pour-compte : Afrique, Moyen-Orient...

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net