Le monde au Moyen Âge (622-1453)

Vincent raconte le sultanat des Seldjoukides (1028-1095)

Le sultanat turc des Seldjoukides (1028-1095)

Au début du XIe siècle, l’islam sunnite sort très affaibli des multiples divisions du califat. Ce sont finalement les Turcs qui vont lui redonner toute sa vigueur.

Les Turcs sont originaires des montagnes de l’Altaï situées en plein cœur de l’Asie des steppes. C’est un véritable château d’eau d’où ils lancent des migrations vers l’ouest depuis l’époque des Huns au IVe siècle. Après les Huns, l’Europe a vu l’arrivée des Proto-Bulgares, des Avars, des Khazars, des Göktürks, des Petchenègues et des Coumans. Peu à peu, les Turcs ont fini par devenir majoritaires dans les steppes de l’actuel Kazakhstan.

Dès le IXe siècle, les Turcs d’Asie Centrale commencent à être capturés pour servir dans les armées du calife abbasside. Très vite, ils s’imposent dans les troupes d’élite, et certains deviennent de puissants gouverneurs, comme Ibn Tulun en Egypte. En parallèle, les interactions avec le califat contribuent à islamiser certaines tribus d’Asie Centrale : c’est l’origine du sultanat des Karakhanides qui prend son essor à partir de l’an 934. C’est aussi un Turc qui fonde la dynastie des Ghaznévides centrée sur l’Afghanistan.

Parmi les tribus turques qui vivent sous l’influence de ces 2 sultanats figure celle de Seldjouk installée dans l’actuel Turkménistan. Au début du XIe siècle, ses fils servent sous l’autorité de Mahmoud de Ghazni, mais celui-ci commence à s’inquiéter de leur puissance croissante et il fait assassiner l’un d’entre eux. C’est finalement un petit-fils de Seldjouk, Toghrul Beg, qui va venger sa mort.

Il s’empare de Merv en 1028, puis de Nishapur un an plus tard, prenant ainsi son indépendance vis-à-vis des Ghaznévides : c’est le début de la dynastie des Seldjoukides. Toghrul Beg se proclame sultan en 1038. Il remporte une double victoire contre les Ghaznévides et contre les Karakhanides 2 ans plus tard, confortant les frontières de son état. Il peut tourner son attention contre les Bouyides d’obédience chiite qui sont maîtres de l’Irak. Cette opération est facilitée par le soutien des sunnites qui sont majoritaires dans la région de Bagdad.

En 1046, il s’empare d’Hamadan, puis d’Ispahan, et fait de Rey sa nouvelle capitale tout près de Téhéran. Il peut finalement entrer dans Bagdad en 1055 avec la bénédiction du calife abbasside qui voit le retour en force du sunnisme. Le calife reconnaît son titre de sultan, c’est-à-dire de chef temporel des musulmans, ce qui consacre la prééminence des Seldjoukides au sein du monde sunnite.

Son neveu Alp Arslan lui succède en 1064 après avoir éliminé 2 autres prétendants. Il poursuit aussitôt la progression vers le nord et vers l’ouest et se retrouve ainsi face à 2 nouveaux adversaires : l’empire byzantin et le califat chiite des Fatimides. La confrontation contre Byzance est enclenchée en 1068 : les Byzantins parviennent à repousser les Turcs 3 années durant, mais ils subissent une défaite cuisante en 1071 à Mantzikert près du lac de Van. Les Turcs profitent des troubles politiques qui s’ensuivent à Constantinople pour envahir une partie de l’Anatolie. En parallèle, ils remportent des victoires contre les Fatimides qui leur permettent de s’emparer de Jérusalem en 1073.

Malik Chah vient alors de succéder à son père Alp Arslan et il commence son règne en conquérant le sultanat karakhanide jusqu’à la Transoxiane. Il doit alors gérer un empire devenu immense depuis sa nouvelle capitale Ispahan, ce qu’il fait avec l’aide de son vizir Nizam al-Mulk qui assure la transition. Afin de stabiliser les tribus turques de tradition nomade et de stabiliser l’empire, des fiefs sont accordés dans les territoires conquis : ça contribue à accélérer l’implantation des Turcomans aux dépens des populations locales, notamment dans les zones de steppes en Azerbaïdjan et sur les plateaux centraux de l’Anatolie. C’est le point de naissance des Azéris et des Turcs de Turquie.

Cependant la guerre contre les Byzantins se poursuit en Anatolie, menée par le chef seldjoukide Suleiman Ier. En 1077, il s’empare de la ville de Nicée non loin de Constantinople et se proclame sultan : c’est le début du sultanat de Roum qui se détache de l’autorité de Malik Chah.

Celui-ci est assassiné en 1092 en même temps que son vizir, ce qui précipite la désagrégation du sultanat seldjoukide. Une guerre civile éclate entre les descendants de Seldjouk et le sultanat de Roum est également emporté dans la tourmente. Ca permet aux Fatimides de regagner un peu de terrain eu Proche-Orient, mais c’est surtout une aubaine pour les chrétiens : en Europe Occidentale émerge l’idée de récupérer les lieux saints que Byzance ne semble plus en mesure de reconquérir.

Vincent Boqueho

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• 3 mars 1924 : Moustafa Kémal abolit le califat
Publié ou mis à jour le : 2022-11-02 07:09:29

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