Le 2 août 1802, les citoyens français se rendent aux urnes pour répondre à la question qui leur est posée par plébiscite : « Napoléon Bonaparte sera-t-il Consul à vie ? ».
Le général Napoléon Bonaparte s'était emparé du pouvoir par le coup d'État du 18 Brumaire et avait pris le titre de Premier Consul, mettant un terme à l'instabilité de dix ans de révolution.
Il s'était aussitôt engagé dans la remise en ordre du pays, la pacification religieuse et la pacification aux frontières. Mais l'attentat de la rue Saint-Nicaise, le 24 décembre 1800, lui avait rappelé que les royalistes, à droite, et les Jacobins, à gauche, n'étaient pas disposés à le laisser tranquille.
En signant la paix d'Amiens avec l'Angleterre le 25 mars 1802, puis le concordat avec le pape le 8 avril suivant, Bonaparte s'acquiert une immense popularité dans le pays. Il veut en profiter sans tarder pour renforcer son pouvoir et le pérenniser.
Son entourage, en particulier le vicomte François de Chateaubriand et le marquis Louis de Fontanes, le persuadent d'instaurer une nouvelle légitimité dynastique pour clore la Révolution et couper court aux complots royalistes. L'un et l'autre sont reconnaissants au Premier Consul d'avoir rétabli la paix religieuse... mais ils se fâcheront plus tard avec lui et rallieront Louis XVIII.
Le 6 mai 1802, l'assemblée du Tribunat, dévouée au Premier Consul, demande un témoignage de reconnaissance nationale à son égard. Le Sénat, réticent et influencé par Sieyès, se contente de le réélire pour dix ans... Bonaparte, déçu, ne se satisfait pas de ce cadeau.
Finalement, le Conseil d'État décide de consulter le peuple par plébiscite. Une immense majorité de citoyens se prononcent en faveur du Consulat à vie: plus de 3.500.000 oui contre 8.374 non (dont ceux de La Fayette et de quelques républicains).
Il faut dire que le scrutin n'est pas secret. Chacun signe sur un registre, soit celui du oui, soit celui du non. Il est prévu de brûler les registres après le scrutin pour éviter des représailles...
Il ne reste plus qu'à mettre en forme la volonté populaire en modifiant la Constitution. C'est chose faite avec le sénatus-consulte du 16 thermidor An X (4 août 1802), aussi appelé « Constitution de l'An X ». Il fait de Bonaparte un Premier Consul à vie, accroît ses pouvoirs déjà immenses et lui donne qui plus est le droit de désigner son successeur !
Napoléon Bonaparte (ainsi se fait-il désormais appeler et non plus seulement Bonaparte) devient un monarque absolu sans en avoir le titre, avec plus de pouvoirs que Louis XIV lui-même ! Cela ne sera pas de trop quand la guerre reprendra l'année suivante.
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Stéph (08-10-2015 22:46:13)
Vous dites: "Une immense majorité de citoyens se prononcent en faveur du Consulat à vie: plus de 3.500.000 oui contre 8.374 non" Sur une vingtaine de million de français à l'époque, ne serait-c... Lire la suite