21 janvier 1793

Exécution de Louis XVI

Louis XVI s'adresse à la foule (gravure en taille-douce) Louis XVI (38 ans) est exécuté le dimanche 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution (précédemment place Louis XV, aujourd'hui place de la Concorde).

Dans les rues de la capitale, la garde nationale est sur le qui-vive et défile en armes. Les tambours battent partout la générale.

Le roi déchu a été tiré au petit matin de la prison du Temple par l'adjudant général de Santerre. C'est non pas dans la charrette habituelle des condamnés mais dans la voiture du maire de Paris qu'à la demande de celui-ci, il a été conduit vers le lieu du supplice.

Au pied de l'échafaud, il se tourne vers l'abbé Edgeworth de Firmont, qui a été requis par l'Assemblée pour l'assister dans ses derniers heures. Selon la chronique, l'abbé lui murmure à l'oreille : « Fils de saint Louis, montez au ciel ! ».

Comme on le voit sur la gravure ci-dessous, à gauche, l'ancien prêtre constitutionnel Jacques Roux, conseiller général de la Commune, rédige pour celle-ci le compte-rendu de l'exécution. 

Louis meurt en homme digne et courageux, animé par une foi profonde, ce dont attestera plus tard le bourreau Sanson lui-même.

Les mains liées dans le dos, il s'avance vers le bord de l'échafaud, fait taire les tambours et lance à la foule : « Français, je meurs innocent ; je pardonne à mes ennemis ; je désire que ma mort soit... » Mais un roulement de tambour couvre ses dernières paroles.

Sitôt Louis XVI décapité, l'assistant du bourreau saisit sa tête par les cheveux et, faisant deux fois le tour de l'estrade, la montre à la foule. Celle-ci, triée sur le volet et exclusivement composée de sans-culottes, gardes, soldats et fédérés, autrement dit de fervents révolutionnaires, répond par un cri : « Vive la nation ! Vive la république ! »

La sanction d'une trop grande faiblesse

Le courage ultime du roi efface quelque peu le souvenir des faiblesses, des bontés, des erreurs et des faux-semblants qui ont jalonné son règne et celui de son prédécesseur, entraînant l'Ancien Régime à sa perte.

Parmi ses erreurs les plus lourdes de conséquences, relevons (l'exercice est aisé a posteriori) le rappel des Parlements (1774), le renvoi de Turgot (1776), le sabotage de la tentative de monarchie constitutionnelle sous la Législative (1791), la déclaration de guerre à l'Autriche (1792).

Portons toutefois à son crédit une grande humanité et le souci constant du bien-être de ses sujets... Rappelons son refus de permettre à la « garde suisse » de tirer sur les émeutiers lors des journées révolutionnaires du 5 octobre 1789, à Versailles, et du 10 août 1792, aux Tuileries.

Louis XVI est renversé par les révolutionnaires parisiens le 10 août 1792. Cette journée révolutionnaire marque un tournant dans la Révolution, jusque là modérée et libérale. Elle préfigure la terrible dictature de la gauche jacobine et montagnarde. Trois jours plus tard, le roi déchu est emprisonné au Temple avec sa famille : son épouse la reine Marie-Antoinette d'Autriche, sa soeur Madame Elisabeth, son fils le Dauphin et sa fille Madame Royale.

Le 20 novembre 1792, la découverte opportune d'une « armoire de fer » (un coffre-fort) dans les appartements royaux des Tuileries met à jour la correspondance secrète entre Louis XVI et le défunt Mirabeau. Elle donne à penser que le roi déchu complotait avec le duc de Brunswick contre le gouvernement de la Législative. Il semble en fait que, si complot il y a eu, il le fut par des proches du roi, à l'insu de celui-ci. Il n'empêche que la pseudo-révélation va peser lourd dans le procès à venir...

Criminel envers l'humanité !

Le 3 décembre 1792, devant la Convention, Maximilien de Robespierre donne le ton du futur procès de Louis XVI dans l'un de ses plus célèbres discours où pour la première fois figure une expression appelée à faire florès : « criminel envers l'humanité ».

Au nom des Montagnards, résolus à poursuivre la Révolution, il fait valoir la nécessité de condamner le roi pour légitimer la Révolution :
« Il n'y a point ici de procès à faire... Vous n'avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre...
Proposer de faire le procès de Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être, c'est rétrograder vers le despotisme royal et constitutionnel ; c'est une idée contre-révolutionnaire, car c'est mettre la Révolution elle-même en litige.
Si Louis est innocent, tous les défenseurs de la liberté deviennent des calomniateurs, les rebelles étaient les amis de la vérité et les défenseurs de l'innocence opprimée...
Pour moi, j'abhorre la peine de mort prodiguée par vos lois ; et je n'ai pour Louis ni amour, ni haine ; je ne hais que ses forfaits... Je prononce à regret cette fatale vérité... mais Louis doit mourir parce qu'il faut que la patrie vive... Je demande que la Convention nationale le déclare dès ce moment traître à la nation française, criminel envers l'humanité... »

À l'opposé de Robespierre, les députés girondins (ou brissotins) craignent des désordres et de nouvelles dissensions si le roi est exécuté. Ils voudraient en finir avec la Révolution dès lors que la démocratie est installée et l'ennemi repoussé mais ils ne peuvent éviter l'ouverture du procès de Louis XVI.

Ouverture d'un procès peu ordinaire

Louis Capet, anciennement Louis XVI, comparaît devant la Convention le 11 décembre 1792. L'assemblée législative s'est pour l'occasion constituée en tribunal. Elle siège dans la salle du Manège, aux Tuileries.

L'ancien monarque est accusé de haute trahison pour avoir joué double jeu face aux assemblées nées de la Révolution, avoir tenté de s'enfuir à l'étranger en juin 1791 et avoir comploté avec l'étranger.

Quand s'ouvre son procès, Louis XVI se montre serein et confiant en son bon droit. Sa sincérité impressionne même les plus féroces de ses adversaires, tel Marat qui, dans son journal, exprime son empathie pour l'accusé. Mais rapidement, tandis que s'égrènent les accusations, il ne se fait plus guère d'illusions malgré le dévouement de ses défenseurs, Malesherbes, Tronchet et Desèze (ou de Sèze).

Le jour de Noël, Louis rédige son testament et, au moment de quitter la cellule pour l'échafaud, demandera aux officiers municipaux de le remettre à sa femme.

Le procès va durer jusqu'aux votes du 15 au 19 janvier 1793.

Le 15 janvier, 707 députés sur 718 présents jugent le roi coupable de conspiration contre la sûreté de l'État. À 423 voix contre 281, ils rejettent ensuite l'idée des députés modérés de la Gironde de faire ratifier le jugement par le peuple.

Enfin, par un vote nominal qui dure 36 heures, ils se prononcent sur la peine à appliquer au coupable. Chacun est appelé à justifier son vote à la tribune. La majorité requise étant de 361 voix, 387 députés demandent la peine de mort... mais 26 avec une possibilité de sursis. Il s'en faut d'une voix que Louis XVI échappe à la guillotine.

Parmi les Montagnards qui votent la mort, figure Philippe-Égalité, ci-devant duc d'Orléans et cousin du prévenu. C'est à son cousin que Louis XVI doit donc de ne pas bénéficier du sursis... Philippe d'Orléans sera lui-même guillotiné avec les Montagnards mais son fils règnera plus tard sous le nom de Louis-Philippe 1er.

Fabienne Manière
Trahir ne vaut rien

Parmi les conventionnels qui votent la mort du roi figure Louis Le Peletier de Saint-Fargeau (33 ans). Il va le payer de sa vie. Ce jeune aristocrate était sous l'Ancien Régime président à mortier au Parlement de Paris. Député de la noblesse de l'Yonne aux états généraux, il se rallie en juillet 1789 au camp de la Révolution et va dès lors défendre les idées nouvelles avec autant de fougue qu'il en mettait quelques années plus tôt à défendre les intérêts des privilégiés. On lui doit notamment l'article 3 du Code civil : « tout condamné à mort aura la tête tranchée ».

Il est poignardé le 20 janvier 1793, à la veille de l'exécution de Louis XVI, par un ancien garde du corps du roi dénommé Philippe Pâris, dans un restaurant du Jardin-égalité (actuel Palais Royal). L'assassin voulait venger la condamnation du roi.

La Convention déclare aussitôt Le Peletier de Saint-Fargeau « martyr de la Révolution » et le peintre David lui aménage des funérailles grandioses. Sa dépouille, nue, entourée de fleurs, est ainsi transportée en grande pompe au Panthéon.

Publié ou mis à jour le : 2022-08-04 10:21:54

Voir les 10 commentaires sur cet article

Doc7438 (21-01-2024 08:49:50)

Louis XVI "n'aurait pas dû" régner: son père Louis de France est mort trop tôt en 1765 et son frère ainé Louis duc de Bourgogne est décédé aussi trop tôt (1761). Comme son grand père, il n'... Lire la suite

bergilde romsaint (26-01-2023 09:17:47)

C'est toujours avec un immense plaisir que je vous lis...Très souvent, j'imprime le texte, et nous discutons avec mes petits enfants de L'Histoire de France .C'est toujours un bonheur Merci et surto... Lire la suite

Bernard (19-01-2023 14:41:21)

Louis XVI était un érudit. Il discutait avec les plus grands scientifiques de l'époque. Et son seul tord aura été d'être trop clément envers cette révolution. Il n'y a qu'à voir de nos jours ... Lire la suite

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