La première représentation de l'opéra Don Giovanni a lieu le 29 octobre 1787 à Prague, dans le magnifique théâtre des États, sous la direction de son compositeur, Mozart en personne, alors âgé de 31 ans.
Prague plus ouverte que Vienne
La capitale de la Bohême, dont le roi n'est autre que l'archiduc d'Autriche, est une ville au passé culturel prestigieux, qui rivalise volontiers avec Vienne, le siège des États autrichiens.
L'opéra de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret en deux actes écrit par Lorenzo da Ponte, d'après la pièce de Molière, recueille un éclatant succès auprès du public éclairé de la ville.
Dans le public se tient un certain Casanova, déjà âgé de 62 ans... Dans ses Mémoires, qu'il commencera à écrire trois ans plus tard, sans doute s'inspirera-t-il du livret de Don Giovanni pour dessiner le portrait d'un libertin fort de 122 conquêtes en 39 ans (un seul échec avoué).
Mais pour Mozart, le succès praguois de Don Giovanni a un goût amer. Cinq mois plus tôt est mort son cher père Léopold, avec lequel il s'était néanmoins disputé. À Vienne, un peu plus tard, l'oeuvre et son auteur sont sifflés. La ville impériale attendra la mort du compositeur pour lui rendre enfin l'hommage qu'il mérite.
Don Juan est l'un des principaux mythes de la culture occidentale, avec Faust, Don Quichotte et Robinson Crusoé. Cynique et libertin, en révolte contre l'humanité et contre Dieu, le personnage apparaît vers 1625 dans une comédie de l'Espagnol Tirso de Molina, El burlador de Sevilla (L'abuseur de Séville).
L'auteur s'inspire d'un fait divers raconté par la Chronique de Séville. Meurtrier du gouverneur Ulloa, dont il a séduit la fille, Don Juan tombe plus tard dans un traquenard dans le couvent franciscain où repose la dépouille du gouverneur. Les moines racontent alors que le meurtrier a été entraîné aux enfers par la statue de pierre de sa victime, qui se serait soudain animée...
Molière en tire l'un de ses chefs-d'oeuvre (sans doute avec la complicité de son ami, le dramaturge Pierre Corneille) : Dom Juan ou le festin de pierre. Goldoni, Byron, Pouchkine, Tolstoï, Baudelaire, Colette... s'y frottent à leur tour. Outre Mozart, plusieurs compositeurs ont aussi écrit des opéras sur le sujet. N'oublions pas le cinéma avec L'Oeil du diable d'Ingmar Bergman, Don Giovanni de Joseph Losey et le chef d'oeuvre réalisé par Marcel Bluwal pour la télévision, Don Juan ou le Festin de pierre.
Dom Juan ou le Festin de pierre, un film de Marcel Bluwal (1965) avec Michel Piccoli et Claude Brasseur, source : INA
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