19 novembre 1703

La légende du Masque de fer

À la fin du règne de Louis XIV, le 19 novembre 1703, un mystérieux prisonnier meurt à la Bastille (Paris). Il est enterré quelques jours plus tard sous le nom de Marchiali dans le cimetière Saint-Paul.

Cet homme d'une cinquantaine d'années aurait vécu en prison pendant deux ou trois décennies, d'abord à Pignerol, une forteresse alpine située entre Briançon et Turin, jusqu'en 1681.

Là-dessus, il aurait été transféré au fort d'Exiles, dans le Piémont, jusqu'en 1687, puis à Sainte-Marguerite de Lérins jusqu'en 1698, enfin à la Bastille... toujours sous la surveillance du même geôlier, Bénigne Dauvergne, dit Monsieur de Saint-Mars, ancien mousquetaire !

Huit ans après sa mort, la princesse Palatine, belle-soeur du roi de France, le fait sortir de l'anonymat en le présentant dans sa correspondance comme un milord anglais qui aurait comploté contre la France...

La légende

La littérature et la légende vont s'emparer du personnage et le rendre célèbre sous le surnom de «Masque de fer» car nul n'a jamais pu voir son visage caché par un masque de velours noir (et non de fer).

Son identité ne tarde pas à susciter bien des hypothèses. Est-il le frère jumeau de Louis XIV, comme l'a prétendu Voltaire ? ou le fils adultérin d'Anne d'Autriche et du duc de Buckingham ? Est-il, comme le croient d'autres, le duc de Beaufort ? un bâtard du roi Charles II d'Angleterre ? le comte de Vermandois ? le surintendant Fouquet  ? Est-il... ?

Avec son talent coutumier, Alexandre Dumas a fait revivre dans Le vicomte de Bragelonne l'hypothèse d'un frère jumeau de Louis XIV né huit heures après ce dernier.

Le masque de fer, vu par Alexandre Dumas

Enfin la vérité ?

Dans Le Masque de fer (Tempus), l'historien Jean-Christian Petitfils évoque l'hypothèse d'un certain Eustache Danger, valet de son état, mis au secret pour ne pas dévoiler la conversion secrète du roi Charles II d'Angleterre au catholicisme.

Monsieur de Saint-Mars, fâché de n'avoir plus qu'un valet à garder après avoir eu sous sa férule le surintendant Fouquet et le duc de Lauzun, aurait lui-même monté la mystification du masque de fer pour se donner de l'importance...

Cela dit, la plupart des historiens s'accordent aujourd'hui pour reconnaître dans le «Masque de fer» un agent double, le comte Ercole Mattioli (ou Antoine-Hercule Matthioli) en s'appuyant sur une lettre datée de 1770 et signée d'un certain baron Heiss.

Secrétaire d'État du duc de Mantoue Charles IV de Gonzague, il aurait trahi son maître ainsi que le roi de France en révélant aux Espagnols des négociations secrètes relatives à l'acquisition par la France de la place forte de Casal. Louis XIV l'avait alors fait enlever à Venise et écrouer en 1669, en veillant toutefois à ce qu'il vive toujours dans une confortable aisance.

Il n'est pas exclu qu'un domestique, tenté par cette vie de coq en pâte, ait bien voulu prendre la place du comte et permettre à celui-ci de reprendre sa liberté à l'insu de tous.

Camille Vignolle
Publié ou mis à jour le : 2023-11-20 12:07:03
Michael (19-11-2023 11:55:51)

Sur l’Homme au Masque de Fer :
Nous ne tomberons pas dans le folklore d’un supposé masque de soudeur vissé par des clous dans le crâne. Monsieur Christian Petitfils, qui fait briller une lueur d’espoir pour les historiens autodidactes comme lui, a publié il y a quelques années, les conclusions de ses vieux travaux sur le Masque de Fer dont Alain Decaux parle déjà en 1958 dans Énigmes de l’Histoire (cf. INA). Donc pour résumer : Monsieur Petitfils, qui est très sympathique au demeurant et que j’ai eu l’honneur de rencontrer (mon Dieu, que tout ceci n’apparaisse pas comme des précautions oratoires !), soutient que le maréchal des Logis-chef Cruchot est monté de St Tropez à Paris avec, cachée entre les sièges de la DS, la femme de ménage de la gendarmerie, la tête dissimulée dans l’aspirateur, et escortée par une compagnie de CRS réquisitionnés pour l'occasion, tout cela aux frais de la princesse, et sans que le Renseignement n’alerte le Ministre de l’Intérieur, habitués comme nous sommes à flamber les deniers publics. Louis XIV était très mal informé, c’est connu. Il n’aurait tenu qu’à lui, pourtant, de faire espionner les grands seigneurs, et de les réduire à arpenter les terrasses interminables des Jardins de Versailles pour arriver à glisser deux mots discrètement, ou de faire ouvrir les lettres de la Poste. Passons…

De l’Atlantide :
Cette figure philosophique de Platon/Socrate, a permis de fouiller le passé dans une certaine direction, et le monde a retrouvé les civilisations Mycénienne et Tartessienne.

Y a-t-il un secret lié à la naissance de Louis XIV, puisque finalement, je doute que le public s’intéresse à Monsieur Stolfi (ministre des Finances de San Marin il y a 20 ans) qui serait l’équivalent de notre Marchiali/Mattioli. Ce n’est pas de jumeau dont on a besoin, mais plutôt de jumelles. On sait dans quel état de décomposition est mort Louis XIII. Nous avons le journal de Héroard, et il y a l’effarement des autres médecins qui ont procédé à son autopsie. Pas d’héritier pendant 23 ans. Donc Louis XIII a-t-il pu physiologiquement engendrer Louis XIV, et Philippe d’Orléans ? Deux protagonistes :

Une Anne d’Autriche, très consciente du problème, et qui voit que la frénésie du diamant-cash de Marie de Médicis ne l’a pas sauvée de la misère malgré des enfants Roi de France, Reine d’Espagne, Reine d’Angleterre, et Duchesse de Savoie. Donc Anne d’Autriche vit sous la menace constante d’une OQLT, et lorgne sur la gouvernance des Pays-Bas Espagnols (souvent gouvernés par une femme de la famille). Pour donner des gages à l’Espagne elle trahit la France à laquelle rien ne l’attache encore. Avec la mort de sa vieille tante en 1633, et l’installation comme gouverneur de son frère le Cardinal Infant, l’espoir est douché. Elle avait bien fait les yeux doux à son beau-frère Gaston pour se remarier avec lui en cas de disparition de Louis XIII, mais Gaston, laissé d’attendre et de rater ses entreprises, s’était échappé en se mariant en 1632 à une princesse allemande.

Richelieu devait clairement se préoccuper. En cas de disparition de Louis XIII, le trône allait à Gaston. Soit, ce n’était pas un ami, mais il était trop peu conséquent pour être un ennemi et finirait certainement par être sa dupe. Loi salique oblige, le vrai héritier était Condé/Conti, que Richelieu avait fiancé avec sa nièce afin de prendre une option sur l’avenir. À y bien réfléchir l’idéal était un gamin qui ouvre la porte à une régence.

L’ADN a parlé : Louis XIV descend d’Henri IV… mais par qui, grand Dieu !

Anne d’Autriche, était-elle d’un caractère à fauter sous contrainte ? Il est avéré que Richelieu a exercé du chantage sur elle, et s’était proposé peut-être lui-même...
Anne d’Autriche, était-elle d’un caractère à fauter spontanément ? Il y a cette fausse couche après avoir couru dans la grande galerie sur le conseil de la duchesse de Chevreuse. Donc t’es Reine de France, t'es enceinte pour la première fois, t’as 18 millions de Français qui retienne leur souffle dans l’attente d’un Dauphin, et toi, tu cours comme une dératée ? Alloo quoi !
S'il y a avortement ce n’est pas pour rien. On a cassé le chiffre des lettres d’Anne d’Autriche à Mazarin : c’est sans appel. Et par pitié, assez de « les reines de France ne sont jamais seules, l’éducation catholique etc. ». En matière de sexe, il n’y a qu’une chose qui surpasse la vantardise des hommes, c’est l’ingéniosité des femmes, ou leur discrétion peut-être…

Et Henri IV avait laissé suffisamment de poulains pour qu’on ait qu’à y piocher. On retrouve ainsi le duc de Beaufort qu’on a justement prétendu être Masque de Fer. Même Gaston, qui se préoccupait fort peu de ses bâtards, a été officiellement été supposé être son amant.

Quant à Louis XIII, à qui on fera tellement croire au miracle, il consacrera le Royaume à la Vierge au deuxième mois de grossesse.

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