Frédéric Le play est né le 11 avril 1806 à La-Rivière-Saint-Sauveur (Calvados) et mort le 13 mai 1882 à Paris. Il figure parmi les fondateurs de la sociologie...
Anthropologue et économiste aux fortes convictions chrétiennes, Frédéric Le Play (1806-1882) s'est le premier penché sur la condition ouvrière.
L'historien et sociologue Emmanuel Todd ne cache pas sa dette à son égard, concernant ses travaux sur les structures familiales.
Reçu Major (1er) à l'École Polytechnique, Frédéric Le Play devient ingénieur des Mines. Le jeune homme se prend de passion pour le monde ouvrier et voyage à travers toute l'Europe, à pied le plus souvent, pour étudier les conditions de vie des travailleurs, en particulier des mineurs, au début de la Révolution industrielle.
C'est ainsi qu'il publie en 1855 un livre monumental : Les Ouvriers européens, et en 1864 La Réforme sociale.
La période se prête à ce genre d'études. On est sous le Second Empire et, de Napoléon III à Victor Hugo en passant par les peintres Daumier et Millet et le romancier Eugène Sue, les élites françaises et européennes sont sensibles aux drames de la condition ouvrière et en quête de solutions.
Notons que cette compassion ne va pas durer. Paradoxalement, elle se muera en crainte et mépris à la fin du XIXe siècle, sous la IIIe République. C'est ainsi que le romancier Émile Zola analysera la condition ouvrière à la manière dont un entomologiste examine les insectes. Quant aux peintres impressionnistes, en vogue dès les années 1870, ils préfèreront les sujets bucoliques aux sujets sociaux.
Frédéric Le Play, précurseur de la sociologie, s'attache dans ses enquêtes de terrain à l'observation minutieuse d'un petit nombre de faits et en tire des analyses de valeur générale. Il en vient à considérer que les conflits sociaux sont dus aux malentendus idéologiques résultant de la Révolution française. Il condamne les « faux dogmes » de 1789 et des « Lumières » sur la bonté originelle de l'homme et l'égalité naturelle. Il condamne pareillement l'idée selon laquelle l'harmonie sociale peut être rétablie par l'action de l'État et la Révolution sociale.
A ces principes qui imprègnent la pensée traditionnelle de gauche, il oppose une conception qui met en avant la responsabilité individuelle, l'éthique et le droit comme fondements de l'harmonie sociale.
Frédéric Le Play plaide par ailleurs pour une société démocratique, un régime parlementaire, une économie libre-échangiste ouverte sur le monde et une activité stimulée par la concurrence.
Le Play en vient au fil de ses analyses à considérer la famille comme le fondement des sociétés humaines et leur principal ressort.
Il préconise des entreprises organisées sur le modèle familial et fixe à l'État la mission de préserver avant tout ce modèle, selon les principes édictés dès la haute Antiquité (les Dix Commandements ou Décalogue transmis par Moïse au peuple hébreu).
Il recommande pour les entreprises du monde industriel une organisation patriarcale inspirée du modèle familial traditionnel.
Cette idée, qui n'est pas la meilleure de son oeuvre, sera reprise par la droite sociale et par exemple l'Action française, un mouvement royaliste influent au début du XXe siècle.
On en retrouvera l'inspiration dans le « corporatisme » de l'Italie de Mussolini.
Frédéric Le Play commence sa vie professionnelle en enseignant à l'École des Mines. Il est chargé de réorganiser les mines de l'Oural en 1850.
Couvert d'honneurs, il devient conseiller d'État en 1855 puis sénateur de 1867 à 1870 à la fin du Second Empire. Jusqu'à sa mort, le 5 avril 1882, il reçoit à sa table des gens de tous horizons.
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pumpernickel (27-06-2006 10:27:36)
Permettez-moi de ne pas partager votre enthousiasme à l'égard de Monsieur Le Play. Grand bourgeois, décrivant une société qui n'existe pas, il est l'apôtre du patronage volontaire et de la famil... Lire la suite