Impossibles adieux

Et puis on se dit que l'autrice joue avec nous, qu'on aimerait bien savoir si l'oiseau va survivre, et que c'est l'occasion d'en connaître un peu plus sur l'Histoire de la Corée. Alors on continue...

Nous voilà cheminant aux côtés d'une jeune femme, perdue sur une île, dans la nuit. Elle est bien décidée à honorer la promesse faite à une amie, clouée dans un lit d'hôpital : aller sauver d'une mort certaine Ama, le petit perroquet resté seul en cage, chez elle. Ce voyage va s'avérer un voyage dans la mémoire, où illusion et réalité se mêlent pour nous faire perdre tous nos repères, comme si nous étions à notre tour pris dans la tempête de neige.

Telle l'héroïne qui peine à donner un sens à son périple, le lecteur est déstabilisé, obligé de passer d'aujourd'hui à hier au rythme des changements de la narratrice, se demandant sans cesse où veut en venir la romancière.

Finalement nous sortons du rêve pour être confrontés à la réalité d'une des pages sombres de l'Histoire de la Corée, celle des massacres commis dans l'île de Jeju entre 1947 et 1949 : près de 30 000 personnes y ont été exécutées, non seulement des opposants au gouvernement mis en place après le départ des Américains mais aussi une majorité de civils.

Défini par son auteure comme « une bougie allumée dans les abysses de la nature humaine », ce roman déroutant s'avère être une œuvre forte sur le thème du traumatisme et de la mémoire nécessaire, une œuvre d'autant plus importante qu'elle nous fait découvrir des événements méconnus en Occident. Sans aucun doute un livre que l'on n’oublie pas.