Les Français, qui ont immensément souffert de la Grande Guerre, espèrent avec l'armistice du 11 novembre 1918 que cette guerre sera la «der des der», autrement dit la dernière de l'Histoire!
Les années qui suivent l'armistice semblent leur donner raison avec de premières crises bien surmontées. Mais tout se dégrade à partir de 1929 avec la crise économique mondiale, l'arrivée en Allemagne d'une dictature d'un type nouveau et le durcissement du régime communiste de l'URSS (l'ancienne Russie). C'est la montée des périls. Elle s'accompagne d'une marche vers la guerre.
L'armistice du 11 novembre 1918 soulève d'immenses espoirs en France mais aussi en Allemagne où l'empire autoritaire de Guillaume II laisse la place à une république décentralisée et très démocratique. L'assemblée constituante élue pour définir la Constitution du nouveau régime se réunit à Weimar, d'où le nom de «république de Weimar» donné à ce régime qui durera jusqu'à la prise de pouvoir par Hitler en 1933.
En France, les institutions de la IIIe République mises en place dans les années 1870 continuent de fonctionner sans secousses particulières. Georges Clemenceau se retire de la vie politique après avoir supervisé les négociations de paix à Versailles. Un nouveau parti, le parti communiste, inféodé au parti communiste russe et à Lénine, apparaît en 1920 à l'extrême-gauche de l'échiquier politique. Il prône la révolution violente et rejette tout compromis avec les partis «bourgeois», y compris le parti radical-socialiste.
Les relations internationales et la diplomatie bénéficient de la bienveillante tutelle de la Société des Nations (SDN), un organisme qui représente à peu près toutes les nations indépendantes du moment (moins d'une cinquantaine).
La SDN, ancêtre de l'ONU, a été créée à Genève en 1920 à l'initiative du président américain Harold Wilson en vue de régler les conflits par la négociation avant qu'ils n'éclatent.
Curieusement, le Congrès des États-Unis ayant refusé de ratifier le traité de Versailles qui prévoyait la création de la SDN, les États-Unis, première puissance du monde, n'ont finalement pas adhéré à celle-ci.
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Des traités de paix avec chacun des pays vaincus concluent la Grande Guerre de 1914-1918. La carte du continent européen en sort complètement transformée avec la disparition de quatre empires, l'allemand, l'austro-hongrois, le russe et l'ottoman, au profit de petits États nationalistes, souvent hétérogènes, revendicatifs... et impuissants.
Les réparations écrasantes imposées à l'Allemagne par le traité de paix de Versailles et les humiliations infligées à la nation allemande, réputée responsable de la Grande Guerre, mettent à l'épreuve la jeune république de Weimar.
L'économie et la monnaie allemandes ne tardent pas à s'effondrer du fait de la méfiance induite par les réparations de guerre.
Les Français, qui bénéficient d'une forte croissance économique, persistent malgré tout à croire que les Allemands peuvent payer la reconstruction de leur régions dévastées par la guerre. Il est vrai que les États-Unis, qui ont eux-mêmes beaucoup prêté d'argent à leurs alliés français et anglais exigent d'être remboursés ce qui place les Français dans une situation intenable.
En janvier 1923, l'armée française occupe la Ruhr, principale région industrielle d'Allemagne, pour s'assurer de la régularité des paiements. Dans les faits, l'invasion a pour effet d'accélérer le plongeon de la monnaie allemande qui ne vaut bientôt plus rien.
Le mécontentement général favorise en Allemagne les organisations para-militaires. Il s'agit de partis politiques qui réunissent d'anciens militaires ou des chômeurs.
Ils prônent le renversement du régime parlementaire pour établir soit une dictature de type communiste comme en Russie, soit une dictature de type nationaliste comme en Italie.
Dans ce pays, en 1922, un ancien leader socialiste, Benito Mussolini, a imposé sans coup férir son pouvoir personnel et le règne sans partage de son parti, le parti fasciste (ce nom vient de fascii, les faisceaux qu'à l'image des anciens Romains, les militants mussoliniens présentent dans leurs défilés).
Avec des méthodes inspirées de Lénine, mais en beaucoup moins brutal, Mussolini prône le culte de la Nation et la coopération de toutes les classes sociales sous l'égide de l'État. Une propagande habile lui vaut l'estime des Occidentaux et même de nombreux démocrates.
Dès 1923, un médiocre agitateur du nom d'Adolf Hitler tente à l'image de Mussolini de s'emparer du pouvoir à Munich, capitale de la Bavière, l'un des États qui composent l'Allemagne.
Le putsch échoue piteusement et Hitler est condamné à quelques mois de forteresse. Il en profite pour écrire un épais livre, Mein Kampf (Mon combat) où il présente un programme politique nationaliste fondé sur l'annulation du traité de Versailles et la conquête par la force d'un espace vital jugé indispensable à la croissance démographique de la population allemande.
Dans ce même livre, Hitler accuse la bourgeoisie juive de faire obstacle à la prospérité de l'Allemagne et il s'engage à chasser tous les Juifs du pays. C'est la première fois qu'un programme antisémite et raciste est développé avec un pareil cynisme.
L'agitation de Hitler et de son parti, le parti nazi (contraction de deux mots allemands qui signifient national-socialiste) demeure marginale. Elle n'empêche pas la république de Weimar de se consolider après les épreuves de l'année 1923. La vie culturelle s'épanouit et la production économique retrouve le chemin de la croissance.
Quand arrive l'année 1929, l'horizon se dégage en Europe occidentale et dans le reste du monde.
La question des réparations est en voie de règlement avec le concours des États-Unis.
Deux hommes politiques de premier plan, le Français Aristide Briand et l'Allemand Gustav Stresemann, prônent la réconciliation franco-allemande et l'union politique de l'Europe! Ils reçoivent ensemble le prix Nobel de la Paix en 1926.
En URSS, la libéralisation de l'économie, les progrès du niveau de vie et la coopération des communistes avec les experts occidentaux laissent espérer que la dictature communiste va desserrer son étreinte et ouvrir la voie à une démocratie authentique.
Partout dans le monde, l'économie tourne à plein régime. Les États-Unis baignent dans l'euphorie et les classes moyennes découvrent avec ravissement l'automobile, la télévision, le cinéma parlant... Tout change brutalement en quelques mois.
À la fin des années 1920, en URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques, ex-Russie), les effets bénéfiques de la NEP (Nouvelle Politique Économique) sur l'économie tendent à s'épuiser cependant qu'apparaît une nouvelle bourgeoisie qui supporte de moins en moins la dictature et réclament qu'à la liberté économique s'ajoute la liberté politique.
Staline perçoit la menace pour le régime communiste. En 1929, il annonce la fin de la NEP et la reprise des collectivisations : l'État et les collectivités s'approprient toutes les terres à l'exception de quelques lopins individuels, des jardinets laissés aux paysans pour leur consommation personnelle.
L'État achève par ailleurs de nationaliser ce qui reste de l'industrie et du commerce privés. Toute l'économie est désormais centralisée entre les mains d'une puissante administration et ce sont les fonctionnaires qui fixent les prix de vente et les objectifs de production des usines, des fermes et des coopératives agricoles (kolkhozes en russe).
La production agricole diminue à nouveau. En Ukraine, les paysans résistent à la collectivisation de leurs terres. Ils sont systématiquement affamés et l'on compte les victimes par millions.
Dans l'industrie, le travail forcé, une discipline de fer et une propagande intense permettent d'afficher des résultats mirifiques. Mais ces résultats concernent la production d'acier et de machines ou encore la construction de barrages. Les biens de consommation (vêtements, alimentation, médicaments...) sont négligés et le niveau de vie de la population reste désespérément bas.
Le nombre d'ouvriers grossit très vite mais au-dessus de ce prolétariat apparaît une nouvelle classe de privilégiés. Ce sont les fonctionnaires et les dirigeants du parti. Ils bénéficient de privilèges petits ou gros qui les distinguent du reste de la population (salarie élevé, voiture, logement plus ou moins confortable, magasins réservés...).
Ces hommes de l'appareil d'État (apparatchiki en russe) ne sont pas pour autant tranquilles. Ils vivent comme tous les Soviétiques sous la menace d'une dénonciation qui peut les conduire à être jugés, exécutés ou encore déportés en Sibérie dans des camps de concentration, le Goulag.
Les religieux et les chrétiens restés fidèles à leur religion sont particulièrement visés par la répression. Des millions sont déportés.