La fascination de la guerre transparaît dans les souvenirs des anciens combattants comme dans la rutilance des uniformes. La guerre serait-elle donc une fatalité inscrite dans nos gènes ?...
Si les premiers hommes semblaient déjà capables de violence comme l'attestent les archéologues, c’est avec la sédentarisation et l'avènement des sociétés organisées qu'ont surgi les guerres de grande ampleur. Plus près de nous, la Révolution française a inventé la levée en masse et conduit aux guerres totales du XXe siècle. Le survol de l'Histoire laisse toutefois deviner qu'il existe des sociétés et des cultures exemptes de ce fléau...
La guerre, composante quasi-obligatoire de l'ordre social
Anthropologues et préhistoriens demeurent très divisés sur la nature des sociétés de chasseurs-cueilleurs. Étaient-elles plus ou moins violentes que les sociétés d'agriculteurs et d'éleveurs ? Il est encore difficile d'en juger en l'état actuel des connaissances.
Quoi qu'il en soit, « c'est avec le Néolithique, la sédentarité dans les territoires fixes et l'augmentation constante de la population que la violence collective devient systématique et que l'on peut vraiment parler de guerre, » écrit l'archéologue Jean-Paul Demoule (La Préhistoire en cent questions, Tallandier, 2021).
En Mésopotamie, dans le delta fertile du Tigre et de l'Euphrate, apparaissent au IIIe millénaire av. J.-C. les premières cités-États. Elles sont à l'origine d'immenses progrès dans l'agriculture et l'irrigation, l'urbanisation, les sciences (astronomie, mathématiques), les techniques (roue à rayons, etc.). Elles induisent aussi la formation de sociétés inégalitaires et de chefferies rivales à l’origine de guerres récurrentes.
Depuis lors, la guerre accompagne les humains pour l’appropriation des femmes, des troupeaux ou des réserves de céréales, également pour l'acquisition d'esclaves, voire de victimes destinées à être sacrifiées à la divinité, le cas le plus connu étant celui de l'empire aztèque, au Mexique. Elle est l'expression paroxystique d'une violence essentiellement masculine qui s'exprime aussi dans les tournois, la chasse ou encore certains sports (note).
Au Moyen-Orient, les cités-États des débuts en viennent à être absorbées au IIe millénaire par des empires militaires dont le plus redoutable est l'Assyrie, née sur les pentes du mont Zagros, autour de Ninive, sa capitale, voisine de l'actuelle Mossoul (Irak). On doit aux Assyriens l'invention de la « guerre totale » : attaques par surprise, supplices et massacres des prisonniers, déportations des populations vaincues, etc.
Non moins belliqueux se révèlent les Grecs, héritiers des envahisseurs doriens du XIIIe siècle av. J.-C. Leurs cités n'en finissent pas de se combattre pour un oui pour un non comme en témoigne le plus célèbre récit épique de tous les temps, l'Iliade !
Sur l'autre versant de l'Eurasie, le bassin du Fleuve Jaune, berceau de la Chine, n'échappe pas à cette violence. À l'Âge du bronze, au début du IIe millénaire, le pays se partage entre plusieurs États féodaux, en guerre permanente les uns avec les autres. C'est l'époque dite des « Royaumes combattants » qui est aussi une époque de grande fécondité intellectuelle, artistique, matérielle et technique dont les Chinois sont restés longtemps nostalgiques. Ainsi a-t-elle vu la naissance du sage Confucius (555 à 479 av. J.-C.)....
Faut-il donc croire que la nature humaine et nos gènes nous condamnent à la guerre perpétuelle ?
La paix, un rêve (presque) inaccessible
Nous discernons heureusement des sociétés humaines très évoluées qui échappent à la guerre.
La plus notable remonte à l'aube de l'Histoire. C'est l'Ancien Empire égyptien, au IIIe millénaire avant notre ère.
Très vite unifiée, la vallée du Nil est apparue comme un État centralisé, prospère et bien administré, qui bénéficie d'une terre fertile et surtout ne souffre de la présence d'aucun voisin importun. L'armée effectue le service minimum et les paysans acceptent de sacrifier les loisirs forcés de la période des crues à l'érection des pyramides qui feront pour l'éternité la gloire de leur souverain.
D'autres sociétés, dans la haute Antiquité, ont semblé témoigner d'une semblable allergie à la guerre : la Crète de Minos, dans la première moitié du IIe millénaire avant notre ère, ou encore l'Étrurie (Toscane actuelle), aux IXe-IIIe siècles av. J.-C...
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Voir les 9 commentaires sur cet article
Robert (12-09-2024 23:16:24)
curieux pourquoi arrêter cette histoire le 7 octobre 2023 et non pas en septembre 2024 avec plus de 40.000 morts civiles de plus ?
Cécil Artheaud (12-09-2024 14:26:59)
C'est sous le règne et la direction de Louis IX (Saint Louis) que la septième croisade a eu lieu. Cette époque ne peut donc être qualifiée de relativement apaisée... Le retour de la guerre es... Lire la suite
Jonas (12-09-2024 13:17:56)
Réponse au Vieil Observateur.
Moussa Abu Marzouk , membre du bureau politique du HAMAS dans une réponse à la chaîne russe RT en arabe: