Le 9 novembre 1799 (18 Brumaire An VIII, selon le calendrier républicain), le général Napoléon Bonaparte met fin au régime du Directoire par un coup d'État parlementaire. Il instaure un nouveau régime, le Consulat, qui ouvre la voie à sa propre dictature.
Il s'ensuit cinq années durant lesquelles le Premier Consul Bonaparte va mener à bien les réformes initiées par le Directoire. Il va moderniser les institutions et ramener la paix civile.
Mais il va échouer à faire reconnaître par les autres puissances les conquêtes de la Révolution et ne pourra empêcher la formation d'une nouvelle coalition européenne contre la France...
Vers une dictature de salut public
Dix ans après la prise de la Bastille, la Révolution s'essoufle. Le gouvernement du Directoire est désemparé par les difficultés économiques et militaires, et menacé par un retour prématuré des royalistes. Le Directeur Sieyès dit à qui veut l'entendre qu'il « cherche un sabre » capable de sauver ce qui reste de la Révolution... et en particulier les fortunes des profiteurs.
Le retour d'Égypte du général Napoléon Bonaparte lui offre l'occasion qu'il cherchait. Sieyès voit en ce jeune général couvert de gloire le dictateur de salut public dont la République française a besoin pour éviter le retour de Louis XVIII et de l'Ancien Régime. Il concocte avec lui un coup d'État parlementaire qui passerait par une révision de la Constitution.
Sieyès demande à l'assemblée des Anciens de confier à Bonaparte le commandement des troupes de la capitale et de la garde du Corps Législatif. Puis, le 18 Brumaire, il convainc les deux assemblées des Cinq-Cents et des Anciens de se transporter au château de Saint-Cloud, à l'extérieur de Paris, sous le prétexte d'un « complot des terroristes » (royalistes).
Complices, trois des cinq Directeurs, Sieyès, Barras et Ducos, démissionnent. Les deux autres, Gohier et Moulin, suspects de sympathies jacobines, sont destitués et arrêtés. Le lendemain, la troupe boucle le château de Saint-Cloud. Mais les élus des Cinq-Cents réunis dans la salle de l'Orangerie refusent de modifier la Constitution comme on le leur demande.
Bonaparte, qui a déjà prononcé une médiocre harangue devant les Anciens, fait de même devant les Cinq-Cents. Sa déplorable prestation est accueillie par des huées et les cris : « À bas le dictateur ! »
Violemment pris à partie par les députés et même menacé d'arrestation, il a un moment de faiblesse. Il est sauvé par des grenadiers qui l'amènent hors de la salle. Son frère Lucien qui préside fort opportunément l'assemblée sort à son tour et fait valoir à la troupe que son frère et les élus sont menacés d'assassinat. Le général Murat qui commande les grenadiers leur demande de faire évacuer la salle.
Les députés tout de rouge vêtus sautent à qui mieux mieux par les fenêtres et se dispersent dans le brouillard !
La nuit venue, sur les deux heures du matin, le Conseil des Anciens et quelques élus des Cinq-Cents que l'on a rassemblés manu militari votent enfin une révision de la Constitution. Ils nomment un gouvernement provisoire en la personne de trois Consuls, Napoléon Bonaparte, Emmanuel Joseph Sieyès et Roger Ducos. L'affaire est liquidée et chacun rentre à Paris.
Un Consulat inspiré de la Rome antique
Napoléon Bonaparte, soulagé, fait rédiger à la hâte une nouvelle Constitution. Sieyès, qui se pique de droit constitutionnel, dirige le travail. On s'oriente vers une dictature à la romaine, la Rome antique étant la référence commune à tous les hommes cultivés de l'époque. Le terme inhabituel de consul est lui-même emprunté à l'Antiquité.
Le texte de la Constitution de l'an VIII est réécrit par Daunou, lequel écrit à ce propos : « Il faut qu'une Constitution soit courte et obscure ».
Conformément aux dispositions imposées par Bonaparte, le titre de Premier Consul et la réalité des pouvoirs sont octroyés au vainqueur du 18 Brumaire. Il a 30 ans. À ses côtés figurent deux Consuls qui n'ont qu'un rôle consultatif. Il s'agit de Cambacérès, un ancien conventionnel régicide, et Lebrun, un ancien député de la Constituante, aux penchants royalistes. Les trois consuls sont nommés pour dix ans.
Le pouvoir législatif est réparti entre quatre assemblées : le Sénat conservateur, le Tribunat, le Corps législatif et le Conseil d'État. Les membres de ces assemblées sont choisis par le gouvernement parmi des listes de notabilités. Ces listes elles-mêmes résultent d'un vote des citoyens à plusieurs degrés. Autant dire que l'on est ici très loin de notre conception de la démocratie.
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Yves Montenay (10-11-2024 12:15:40)
Très bon article que je diffuse autour de moi, et qui me rappelle beaucoup de souvenirs
momon (21-09-2017 19:21:21)
Bonjour, Faut-il que "la rumeur" soit tenace pour lire encore en 2017 la vesion de Napoléon Bonaparte comme celle d'un tyran? Il est dommage, que les textes du "Mémorial de Sainte-Hélène n'aient... Lire la suite
jpp (15-10-2007 10:07:27)
Bel exemple du caractère antidémocratique du futur Napoléon... contrairement à ce que dit Christian: l'agresseur n'était pas l'Angleterre qui se contentait de faire du commerce sans visées ter... Lire la suite