Le 8 février 1867, l'empire autrichien cède la place à une double-monarchie austro-hongroise.
Le nouvel État, appelé Autriche-Hongrie, se présente comme l'union de deux pays indépendants simplement unis par l'allégeance à un même souverain.
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À l'issue de la tourmente napoléonienne, la famille des Habsbourg recueille les fruits de six siècles d'effort. Elle se constitue un empire au coeur de l'Europe.
Cette construction multinationale improbable doit faire face aux nouveaux États-Nations, en premier lieu la Prusse. S'ensuit une tentative de confédération, l'Autriche-Hongrie. Elle durera un demi-siècle...
La création de l'Autriche-Hongrie est l'aboutissement d'une très longue histoire qui a permis à une famille issue du modeste château des Habsbourg, en Suisse, de dominer toute l'Europe centrale grâce à de fructueuses alliances matrimoniales.
En 1806, les Habsbourg échangent le titre symbolique d'empereur d'Allemagne contre celui d'empereur d'Autriche.
En 1866, battu à Sadowa par la Prusse, l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier renonce à ses prétentions sur l'Allemagne et choisit de s'intéresser désormais à ses différents peuples.
Il prend conseil auprès de son épouse, Élizabeth, une princesse bavaroise sensible au charme des Hongrois.
Surnommée « Sissi », l'impératrice est une belle femme dotée d'une opulente chevelure. Son destin tragique nourrira une abondante littérature... et fera la gloire de l'actrice Romy Schneider.
François-Joseph Ier partage ses États entre les Autrichiens de langue allemande et les Hongrois.
À l'est d'une rivière nommée Leitha, la Transleithanie inclut la Hongrie historique mais aussi la Croatie, la Transylvanie, la Slovaquie...
Sa capitale est Pest (aujourd'hui Budapest).
Le reste de l'empire devient la Cisleithanie, avec une majorité d'Allemands ainsi que des Slaves et des Italiens, et pour capitale Vienne.
Les Tchèques, qui se réclament du prestigieux royaume de Bohême, sont les grands perdants du compromis austro-hongrois.
Mais ils placent leurs espoirs dans l'avènement d'une triple monarchie...
Avec sa structure politique très souple, l'Autriche-Hongrie est un précurseur de l'Europe actuelle.
Elle va bénéficier pendant près de cinquante ans d'un immense rayonnement culturel. De Trieste à Cracovie, toute l'Europe centrale en conserve la nostalgie dans son architecture comme dans son art de vivre.
Mais au terme de la Grande Guerre de 1914-1918, le président américain Woodrow Wilson et le Français Georges Clemenceau encourageront l'éclatement de la « Mitteleuropa » (Europe centrale en allemand) en invoquant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
L'Autriche-Hongrie, forte de 50 millions d'habitants, avec une capitale rivale de Paris, Londres ou Berlin, va céder la place à plusieurs Etats rivaux, arc-boutés sur le mythe de leur identité nationale, linguistique ou ethnique : Autriche, Hongrie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie.
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Voir les 4 commentaires sur cet article
Anne Hove (06-02-2022 13:20:09)
Très intéressant.je ne savais pas que les hongrois ont fait leur malheur final après tant de vicissitudes .Moi aussi j'espère en la Hongrie bien amoindrie depuis le traité de Trianon. J'y ai deux... Lire la suite
jacques (05-02-2017 11:21:19)
Bon exemple du destin inéluctable de toute construction supra-nationale!
youssef (08-02-2016 10:29:18)
Salut a tous, Cet article est magnifique. Pourriez-vous m'expliquer l' orthographe de "pareille" dans la phrase : ... d' une civilisation et d'un art de vivre sans pareille. Merci, Youssef Boutalbi... Lire la suite