Le 2 décembre 1823, James Monroe, cinquième Président des États-Unis, énonce la doctrine qui porte son nom et fixe les fondements de la diplomatie américaine (« l'Amérique aux Américains »), même si les débats entre isolationnistes et interventionnistes ne cesseront jamais...
Après la « Seconde guerre d'indépendance », qui les a opposés au Royaume-Uni de 1812 à 1814, les États-Unis se donnent une diplomatie vigoureuse. Le général Andrew Jackson intervient en Floride, une colonie espagnole livrée à l'anarchie. Les États-Unis acquièrent finalement le territoire en 1819 contre cinq millions de dollars.
Mais à l'extrême-nord du continent, les Cosaques russes traversent le détroit de Béring et s'implantent en Alaska, menaçant de la sorte le territoire des États-Unis. Au sud, les colonies espagnoles se soulèvent contre la métropole. Le roi d'Espagne appelle à son secours les autres souverains de la Sainte-Alliance.
C'est dans ce contexte qu'est énoncée la doctrine Monroe.
Sous l'influence de son Secrétaire d'État (ministre des Affaires étrangères) John Quincy Adams, le président Monroe évolue vers une position neutraliste qui s'affirme avec éclat dans son message annuel au Congrès, le 2 décembre 1823.
Dans un long discours en apparence décousu, il interpelle directement les puissances européennes. Il leur déclare :
1) Les États-Unis ont reconnu l'année précédente l'indépendance des nouvelles républiques latino-américaines ; en conséquence de quoi, l'Amérique du nord et l'Amérique du sud ne sont plus ouvertes à la colonisation européenne.
2) Les États-Unis regardent désormais toute intervention de leur part dans les affaires du continent américain comme une menace pour leur sécurité et pour la paix.
3) En contrepartie, les États-Unis n'interviendront jamais dans les affaires européennes (ils se raviseront en 1917).
La doctrine de Monroe se résume en définitive comme suit : « l'Amérique aux Américains ».
Les puissances de la Sainte-Alliance se le tiennent pour dit et renoncent à leurs projets d'intervention en Amérique du sud. L'année suivante, la Russie signe un traité avec les États-Unis par lequel elle renonce à toute revendication au sud de l'Alaska.
La doctrine de Monroe sera prise en défaut en 1961, lorsque le nouveau maître de Cuba, Fidel Castro, prendra l'initiative d'un rapprochement avec l'Union Soviétique et mettra le territoire américain en situation d'être attaqué par des missiles soviétiques lancés depuis l'île.
Confronté au problème noir, le président James Monroe entérine le compromis du Missouri et prône rien moins que le retour des esclaves en Afrique.
En cette époque qui reste connue aux États-Unis comme l'« ère des bons sentiments » (era of good feelings), une société charitable met en oeuvre ses préconisations. Elle installe un premier groupe de Noirs en Afrique, sur le golfe de Guinée, en bordure de l'actuelle Côte-d'Ivoire.
Les émigrants baptisent Libéria leur nouveau pays. C'est le premier État indépendant d'Afrique noire (à l'exception de l'Éthiopie). Son drapeau est calqué sur celui des États-Unis, avec une seule étoile. La capitale, baptisée Monrovia en l'honneur du président, tire fierté d'une copie du Capitole de Washington. Les anciens esclaves eux-mêmes reproduisent les comportements de leurs anciens maîtres, jusque dans leur habillement et leur logement...
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