Le conquérant turco-mongol Tamerlan remporte une victoire totale sur le sultan ottoman Bajazet Ier, le 28 juillet 1402, à Angora (il s'agit de l'actuelle Ankara, au coeur de l'Anatolie, aussi appelée Ancyre sous l'Antiquité). Cette bataille mémorable offre aux Byzantins et aux Occidentaux un sursis inespéré dans leur lutte contre les Turcs ottomans.
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À la fin du Moyen Âge, près de deux siècles après l'expansion mongole, Tamerlan s'est taillé un empire plus restreint et plus éphémère que celui de Gengis Khan. Il recouvre à peu de chose près l'ancien empire perse des souverains achéménides.
Par leur brutalité et leur soudaineté, les conquêtes de Tamerlan ont néanmoins bouleversé le monde musulman et l'Orient. Leurs conséquences se sont faites durablement sentir tant à Delhi qu'à Constantinople...
Tamerlan est un lointain héritier des conquérants turcs et mongols et se présente comme le descendant de Gengis Khan. Son nom français est une déformation du turc Timur Leng (pour Timour le Boîteux).
Né le 8 avril 1336, il se proclame khan de Djaghataï et attaque les petites principautés persanes en profitant de leurs divisions consécutives à l'effondrement des khanats mongols.
Chaque prise de ville s'accompagne d'un pillage en règle et du massacre de la population. En 1387, après la prise d'Ispahan, toutes les têtes coupées forment autour des ruines de la ville trente huit tours de deux mille têtes chacune. Effet de terreur garanti.
Puis il envahit le sultanat de Delhi, qui règne sur l'Inde du nord, et écrase son armée à Panipat le 17 décembre 1398. Delhi, à son tour, est saccagée et Tamerlan s'en retourne en Transoxiane, riche d'un fabuleux butin.
Il s'en prend avec la même sauvagerie à la Syrie, soumise aux Mamelouks d'Égypte. En 1401, le voilà devant Damas, la sublime capitale des anciens califes omeyyades. Sur les instances du vieil historien tunisien Ibn Khaldoun (70 ans) il s'en tient à « seulement » trois jours de pillage, quelques milliers de viols et l'incendie de la mosquée des Omeyyades. Autant dire presque rien.
Mais il va montrer moins de clémence, l'année suivante, à Bagdad, la capitale des anciens califes abbassides, où 20 000 habitants seront massacrés et tous les monuments détruits.
Le choc des géants
Fier de l'oeuvre accomplie, le vieux conquérant se heurte pour finir au sultan ottoman à Angora, à l'endroit précis où, longtemps auparavant, en l'an 66 av. J.-C., le général romain Pompée avait affronté le roi du Pont, Mithridate VI.
À Angora, Tamerlan dispose de trois corps d'armée, avec des soldats originaires du Caucase (Géorgie, Arménie...), d'Asie centrale, des Indes et de Sibérie. Il fait également parader cinquante éléphants de guerre.
Face à lui, le sultan Bajazet dispose de troupes aussi diverses, nombreuses et expérimentées, quoique moins expertes en viols et pillages. Il tire notamment fierté d'une fameuse milice de Janissaires et de 40 000 cavaliers serbes commandés par le roi Étienne (la religion n'empêche pas les hommes du Moyen Âge de servir les chefs de leur choix et les Serbes, au demeurant, n'ont guère le choix depuis leur défaite face aux Turcs à Kossovo Polié).
Plusieurs centaines de milliers d'hommes (un million ?) vont s'affronter le jour durant, dans la poussière et la chaleur.
Le sultan est vaincu et fait prisonnier malgré le bon comportement de ses Janissaires et de ses cavaliers serbes. Il meurt de dépit et de mauvais traitements le 9 mars 1403, au bout de huit mois de détention dans une cage en fer. Son empire est démantelé et ses fils vont se le disputer pendant dix ans...
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sk (28-07-2018 11:32:38)
La plupart des historiens de l'Empire Ottoman donnent le 20 juillet, non pas le 28.