Le 22 novembre 1831 éclate sur la colline de la Croix-Rousse, au nord de Lyon, la révolte des canuts. La révolte intervient un an après l'accession au trône de Louis-Philippe. Elle se propage dans tous les quartiers ouvriers de la métropole. Les insurgés prennent pour emblème le drapeau noir et la devise : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».
Victimes du progrès technique
Les canuts, dont le nom vient du mot canette, ou bobine, sont des artisans qui tissent la soie à domicile sur leur propre métier à bras. Ils travaillent pour le compte des soyeux (les patrons négociants) qui leur fournissent la matière première et récupèrent le produit fini. Ils sont environ 6000 artisans et emploient 30 000 compagnons.
Le revenu des uns et des autres, 18 sous environ pour quinze heures de travail par jour, ne permet qu'une vie de misère. Du fait de métiers à tisser beaucoup plus productifs qu'auparavant, comme le métier Jacquard, et en dépit d'une demande soutenue, ce revenu est deux fois moindre que sous le Premier Empire !
Certains soyeux refusent d'appliquer le tarif minimum en prétextant comme de coutume de la concurrence internationale et des contraintes du marché. Les canuts, en colère, se mettent en grève. Le 19 novembre 1831, au cœur de la Croix-Rousse, ils font face à la garde nationale. Des coups de feu claquent. La révolte gronde.
Deux jours plus tard, les canuts descendent de leur colline, drapeau noir en tête, et occupent le centre de Lyon après quelques combats avec les forces de l'ordre. On compte une centaine de morts. Maîtres de la deuxième ville de France mais ne sachant que faire de leur victoire, les canuts et la garde nationale, qui s'est finalement ralliée à eux, constituent un comité insurrectionnel pour se donner le temps de réfléchir. Ils s'abstiennent soigneusement de tout pillage.
Voilà le roi Louis-Philippe 1er confronté à sa première révolte sociale à peine plus d'un an après son accession au pouvoir. Le Président du Conseil Casimir Perier, par-dessus tout soucieux d'ordre, envoie 20 000 soldats sous les ordres du maréchal Soult aux portes de Lyon. Ils attendent patiemment que les insurgés se lassent.
Enfin, le 5 décembre 1831, les troupes peuvent entrer dans la ville sans effusion de sang. La garde nationale est désarmée et dissoute, le tarif minimum abrogé et le préfet, jugé trop conciliant, révoqué. Une dizaine de canuts seulement sont traduits en justice... et bientôt acquittés.
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Yves Montenay (20-11-2024 14:47:01)
En complément de Paul, je précise que la commande par carton perforé (Jacquard, 1800) est bien de l’informatique avant la lettre, et figure d’ailleurs a ce titre dans certains musées de cette ... Lire la suite
Loignon (22-11-2020 11:21:12)
Juste pour évoquer cette "onomatopée sociale" typiquement lyonnaise, "bistanclaque et pan" reproduisant les sons des métiers à tisser des canuts, qui retentissaient tout le jour durant à la Croix... Lire la suite
Guyard (20-11-2016 17:54:18)
Bonjour, Le souvenir de cette révolution reste bien vivant sur la Croix Rousse. Tous les ans des conférences, des visites de quartier, du théâtre etc. Une petite recherche sur le net donne une id... Lire la suite