Le 22 janvier 1963, le traité d'amitié franco-allemand, signé au palais de l'Élysée, à Paris, consacre le rapprochement des deux anciens ennemis. Il est signé par Charles de Gaulle (72 ans), président de la République française, et Konrad Adenauer (87 ans), chancelier de la République fédérale allemande.
Sa valeur est essentiellement symbolique. Il clôt près d’un siècle de rivalités diplomatiques et surtout guerrières et institue une nouvelle forme de concertation à la tête de la Communauté économique européenne, qui deviendra trente ans plus tard l’Union européenne.
Mais le traité est vidé de son contenu par le préambule unilatéralement voté par le Bundestag cinq mois plus tard, le 15 juin 1963 : les députés allemands réaffirment à cette occasion leur lien avec les États-Unis et le Royaume-Uni, à la grande colère de De Gaulle, qui voit réduite à néant son aspiration à une Europe indépendante...
Engagement symbolique et trahison allemande
C’est de façon très officielle que les deux dirigeants se rencontrent d'abord à Reims, le 8 juillet 1962. Dans la cathédrale Notre-Dame, qui garde les cicatrices de la Grande Guerre et des bombardements allemands, les deux hommes assistent côte à côte, pieusement, à un Te Deum (une messe solennelle). L’événement ne manque pas d’allure.
En retour, le général de Gaulle se rend deux mois plus tard en Allemagne où il est accueilli par des foules en liesse. À cette occasion, le chancelier suggère à son ami de renforcer leurs liens par un traité formel. De Gaulle se laisse convaincre bien qu’en bon connaisseur de l’Histoire, il n’accorde pas grande valeur à ce genre de document.
C’est ainsi qu’est organisée la rencontre de l’Élysée.
Le texte du traité ne contient aucun engagement contraignant, simplement des engagements réciproques, en premier lieu celui d’une rencontre des chefs d’État et de gouvernement au moins deux fois par an. Cet engagement sera scrupuleusement respecté et facilitera le dialogue entre les deux principales puissances du continent.
Pour le reste, le traité débouche principalement sur la mise en place d’un Office franco-allemand pour la jeunesse destiné à faciliter les rencontres et les échanges par-dessus la frontière. Rapidement apparaissent les limites de l’exercice. C’est que l’Allemagne fédérale, viscéralement pro-américaine et hostile à l’Union soviétique, ne tolère pas les velléités neutralistes du général de Gaulle.
C'est ainsi qu'à l’heure de ratifier le traité, le 15 juin 1963, les députés allemands du Bundestag lui ajoutent un préambule « assassin » qui rappelle leur objectifs primordiaux : « une association étroite entre l’Europe et les États-Unis d’Amérique » et une unification de l’Europe « en y associant le Royaume-Uni ». De Gaulle fulmine. Il se voit trahi...
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Voir les 5 commentaires sur cet article
Yves (29-01-2017 23:55:18)
Afin de rétablir la France comme première puissance d'Europe, la France devra montrer les dents et possiblement faire parler les armes. C'est à ce prix qu'on s'impose comme Numéro Un.
charles (27-01-2017 10:36:25)
De Gaulle avait raison d'appuyer une union politique entre la France et l'Allemagne afin d'être indépendant à la fois des USA et de la Russie.L'Europe aurait été une puissance qui parle d'égal... Lire la suite
Ben (23-01-2017 09:38:47)
Pourquoi toujours chercher du négatif: la situation politique du moment est ce qu'elle est, oublions les "si". N'oublions pas que les "vieillards" ont traversé les deux guerres alors prenons se mom... Lire la suite